Théophile Cuche: "Les clubs de ski diminuent depuis 10 ans"

La Télé: La Suisse cartonne actuellement aux championnats du monde de ski alpin à Saalbach en Autriche et des athlètes romands se mettent en évidence. Ils décrochent des médailles à l'image d'Alexis Monney, Marc Rochat ou encore Tanguy Nef.

Ces skieurs, qui évoluent sur le circuit mondial, sont d'abord passés par des structures régionales, comme Ski Romand, dont vous êtes le président, Théophile Cuche. Alors premièrement, comment vous vivez ces mondiaux de ski alpin avec ces performances helvétiques?

Théophile Cuche: C'est quelque chose d'incroyable, on ressent beaucoup d'émotions depuis le début de la compétition avec tout ce que fait l'équipe suisse. Mais hier, c'est vrai que c'était quelque chose de fabuleux de voir trois duos sur le podium. Ce sont trois cantons qui étaient représentés: Vaud, Fribourg, Genève. Avec le Vaudois Marc Rochat, le Fribourgeois Alexis Monney et puis le Genevois Tanguy Nef.

La Télé: Vous l'avez dit, un Fribourgeois, un Vaudois, un Genevois sur le podium. Ça représente quoi pour Ski Romand? Ça peut apporter quoi?

Théophile Cuche: Je pense que ça peut donner aussi des idées à quelques jeunes. À l'heure actuelle, ce n'est pas simple parce qu'on constate quand même au niveau du ski alpin une légère diminution des participants dans les courses. Et de voir des Romands qui reprennent aussi une place importante en équipe de Suisse, c'est bon signe.

En tant que président de Ski Romand, ça fait extrêmement plaisir de voir ça, mais c'est vraiment un travail de longue haleine. Ça passe d'abord par les clubs. S'il y a un engouement au sein du club et qu'ils sont poussés par leur structure, des jeunes sont alors repérés par Ski Romand. Ensuite, on a des athlètes comme Alexis qui arrivent au sommet de la hiérarchie mondiale.

La Télé: Alors comme vous l'avez dit, Théophile Cuche, avant l'équipe de Suisse, il y a un passage dans des structures comme Ski Romand. La structure a vu le jour en 1930. Est-ce que la mission est toujours la même?

Théophile Cuche: C'est clair, l'idée, c'est d'une part promouvoir les sports de neige. Ski Romand représente quatre disciplines: le ski de fond, le ski freestyle, le saut à ski et le ski alpin. Dans un second temps, c'est de sélectionner et encadrer les futurs talents.

La Télé: Alors justement, vous avez dans vos rangs des jeunes qui ont entre 11 et 15 ans. Une fois que ces jeunes sont à Ski Romand, que se passe-t-il?

Théophile Cuche: On encadre les meilleurs jeunes de ces quatre sports que j'ai mentionnés avant. Ensuite, on surveille leur préparation physique et technique dans leur discipline respective. Pour les jeunes en ski alpin, ce sont des camps d'entraînement sur nos glaciers à Zermatt et à Saas-Fee durant l'été-l'automne.

Pour les freestylers, on a une infrastructure 4 saisons à Leysin, avec des structures comme le "Bag". Ce qui permet aussi aux équipes de diminuer les déplacements.

La Télé: Il y a aussi des centres régionaux de performance qui ont vu le jour, comme celui de Bulle en 2015 ou un autre dans le canton de Vaud en 2019. Tout cela ensemble réunit offre de bonnes conditions pour ces jeunes. C'est un peu la singularité du système?

Théophile Cuche: Il y a trois systèmes scolaires différents, trois sport-études différents... chez les Fribourgeois, dès que tu es sélectionné, il y a cette contrainte, où tu es obligé d'aller au centre régional de performance à Bulle.

Avec les Vaudois, il y a la possibilité d'aller au centre régional de performance, soit à Ollon ou soit au Sépey. Mais c'est clair que ça offre une plus-value parce qu'on met tous les meilleurs athlètes ensemble et ça permet d'avoir une émulation. Et puis surtout, ce n'est pas que le ski alpin, il y a aussi dans ces centres régionaux de performance, les fondeurs et les freestylers. Et puis parfois, on a des séances de préparation physique avec ces quatre disciplines.

La Télé: Si Ski Romand existe, c'est parce qu'il y a des petits clubs en dessous. Êtes-vous tributaire des ski-clubs régionaux?

Théophile Cuche: Sans club, on n'est rien. Les centres nationaux de performance ne sont rien, Swiss-ski pareil. Et on est vraiment au début de la chaîne. Avant ça, c'est clair qu'il y a l'implication des parents. Il faut vraiment que les parents incitent les jeunes à aller faire des sports de neige. Après, il y a les écoles de ski. Et après, il y a les clubs. C'est vrai que les clubs doivent être forts, doivent avoir l'envie de former, d'avoir cette passion pour les sports de neige. Et sans ça, on n'est rien.

La Télé: Des médailles comme la Suisse a obtenues ces derniers jours, ça peut relancer l'engouement, justement? Ça peut donner envie?

Théophile Cuche: J'espère. C'est clair qu'on ne l'explique pas encore, mais je suis en train de faire un petit peu des statistiques. On voit que depuis le Covid, on a une légère diminution. Une baisse du nombre de participants dans les courses régionales. Une diminution aussi des clubs.

Il y a dix ans en arrière, on avait grosso modo 92 clubs à Ski Romand. Et là, on n'est plus qu'à 77 clubs. Donc c'est vrai qu'il y a une chute quand même de ces clubs et puis inévitablement aussi des membres. Donc là, on ne l'explique pas encore vraiment pour quelles raisons il y a cette diminution du nombre de participants. Il y a forcément plusieurs facteurs. Ça peut être les coûts, ça peut être aussi une diversification de tous ces sports. Et puis l'incidence peut-être aussi du climat.

La Télé: À bientôt 100 ans, Ski Romand se porte quand même bien. Rassurez-nous?

Théophile Cuche: Oui, c'est clair. Il y a la relève qui est là. On a des jeunes. On fait des bons résultats aussi au niveau UCS. Quand je parle d'inter-régions, c'est les trois associations de l'inter-région ouest. Entre le Girond, Ski Valais et Ski Romand. Les trois se portent bien. Et on a vraiment des bons jeunes qui montent après au Centre national de performance à Brigue. Et on est présents. On a eu aussi des médailles ces derniers temps. Il y a les Jeux olympiques de la jeunesse européenne. On a eu des médailles. Donc ça fait vraiment extrêmement plaisir.