Bertrand Morel, l'avocat des avocats fribourgeois

Président de la commission de justice du Grand Conseil, député pour le Centre depuis presque neuf ans et avocat de métier, Bertrand Morel ajoute à ses fonctions celle de bâtonnier de l'ordre des avocats fribourgeois. Mais en quoi consiste ce rôle? Radio Fribourg lui a posé la question:

Bertrand Morel: Le bâtonnier est le président de l'association fribourgeoise des avocates et avocats, qui compte actuellement un peu plus de 220 membres. Son rôle est essentiellement de présider les séances du Conseil de l'Ordre, parce que l'avocat n'est pas tout seul. Ce Conseil défend les intérêts de la profession et organise les formations des avocates et avocats, parce que le droit est en perpétuelle évolution et il est extrêmement important de rester au courant de cette évolution-là. Il organise aussi la formation des stagiaires et exerce le pouvoir disciplinaire: on ne fait pas que défendre la profession, mais on tape aussi sur les doigts des avocats qui transgresseraient des règles déontologiques ou professionnelles.

Et on organise aussi une permanence juridique qui permet aux citoyens de se rendre le mardi soir à Fribourg et le jeudi à Bulle pour bénéficier de conseils juridiques durant 20 minutes pour une somme de 30 francs. Enfin, le bâtonnier a aussi un rôle de représentation vis-à-vis des autorités judiciaires, politiques et aussi à l'extérieur du canton. Il est par exemple membre de la conférence latine des bâtonniers et membre de la conférence suisse des bâtonniers au cours desquelles nous traiterons des problématiques liées à la profession d'avocat.

Radio Fribourg: Vous allez avoir ce mandat pendant ces deux prochaines années. Est-ce une fierté pour vous de représenter vos pairs ?

Fier, je le suis de mes trois filles. En ce qui concerne cette profession, je suis plutôt très honoré d'avoir été élu par mes consœurs et confrères qui me témoignent ainsi leur confiance et qui estiment que durant mes 20 années de pratique du barreau, j'ai adopté un comportement suffisamment digne pour les représenter. Le Conseil de l'Ordre doit tous les deux ans retrouver des nouveaux membres. Il y a tout un processus à franchir pour espérer un jour devenir bâtonnier. Pour ma part, j'ai passé dix ans au Conseil de l'Ordre avant d'être élu bâtonnier, comme c'est le cas de la grande majorité des bâtonniers ou bâtonnières.

La formation continue est primordiale dans ce métier. Vous devez vous tenir informés de l'évolution du droit. 

Absolument. L'Ordre des avocats fribourgeois organise d'ailleurs, au minimum une fois par année, une journée de formation. Et les ordres d'autres cantons en organisent également, ainsi que les universités. À Fribourg, on a les journées du droit de la construction. À Neuchâtel, c'est le droit du bail. À Genève, le droit du travail. Donc il y a suffisamment de formations qui permettent aux avocats, et c'est indispensable, de se tenir informé de l'évolution du droit et de la jurisprudence.

Il est parfois difficile de comprendre qu'en tant qu'avocat, on puisse défendre un pédophile ou un agresseur sexuel, comme dans les procès de Mazan, qui ont beaucoup fait parler en France. Que répondez-vous à ça ?

C'est une question qui est extrêmement sensible et que je peux comprendre. Maintenant, c'est un fondement absolu de tout état de droit que toute personne, quel que soit le crime dont elle est accusée, ait le droit d'être défendue. L'avocat ne va pas excuser, ni cautionner. Il ne va pas défendre l'acte comme tel, mais il va défendre les droits de la personne pour qu'au final, le jugement qui sera rendu, soit impartiale, équitable et non arbitraire.

Il y a aussi des personnes qui sont accusées à tort. Tant qu'une personne n'est pas condamnée, elle est présumée innocente, donc l'avocat doit jouer son rôle jusqu'au bout pour qu'au final, la justice tranche et donne une peine. Et si ce n'est pas juste, il y a toujours des voies de recours.

Retrouvez l'entretien complet avec Bertrand Morel: