"Les jeunes comprennent que leurs carrières vont évoluer"

Dans le cadre de la Semaine de la Formation, Patrick Gendre revient sur le manque d'attractivité de la formation professionnelle.

Le nombre de jeunes qui choisissent de faire un CFC est stable chaque année, alors que la population augmente. © KEYSTONE

Radio Fribourg: Patrick Gendre, vous êtes le président du Conseil d'administration de l'Union patronale du canton de Fribourg (UPCF). La semaine de la formation est lancée aujourd'hui. Elle s'adresse principalement aux jeunes en âge de choisir un métier et à leurs parents. Le nombre de jeunes qui se lancent dans une formation professionnelle est toujours stable. Par contre, la population augmente, donc finalement la part de ceux qui choisissent le CFC diminue. Comment expliquer ce désintérêt?

Patrick Gendre: Je ne pense pas qu'on puisse parler de désintérêt. C'est vrai qu'il y a proportionnellement de moins en moins de jeunes qui choisissent cette voie, mais il ne faut pas dramatiser. Les raisons sont assez variées: parfois sociologiques ou culturelles, ou simplement qu'on ne sait que faire à la sortie du cycle, alors on fait une année ou plus au collège avant de se tourner finalement vers la formation professionnelle.

Est-ce que les jeunes ont encore la pression de se dire que le métier qu'ils choisissent sera celui de toute leur vie?

Non, je pense qu'ils ont bien compris que leurs carrières vont évoluer avec le temps. Certains font même deux apprentissages, parce que la première formation ne leur convient pas, mais qu'ils veulent tout de même la finir. Et pourquoi pas faire encore quelque chose d'autre plus tard? Le système de la formation professionnelle permet cette flexibilité, d'aller plus loin vers l'école d'ingénieur, l'université ou une autre école supérieure, ou alors simplement d'avoir un complément à sa formation. Tout est possible.

Est-ce que la formation professionnelle est suffisamment mise en valeur selon vous?

On peut faire plus. L'Union patronale s'est d'ailleurs penchée sur cette question l'automne dernier et a tenté de regrouper différents acteurs qui participent à ce choix qu'ont les jeunes. Cela inclut les jeunes, les parents, les enseignants, mais aussi les entreprises. L'objectif était de voir comment on peut revaloriser cette formation et comment communiquer avec chaque acteur. C'est une des approches que l'on met en place pour redorer l'image de cette formation, qui reste l'une des meilleures au monde. C'est une voie dorée vers une vraie carrière et je pense qu'elle devrait se vendre d'elle-même.

Un centre de formation va voir le jour à Villaz-Saint-Pierre pour les cours interentreprises. Un campus de 22 000 m² qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine, en août. À quel besoin est-ce que ce projet répond?

Les locaux dans lesquels ces formations sont dispensées ne sont souvent plus adaptés à la formation. Et puis, il y a aussi une question de place: à Villaz-Saint-Pierre, une quinzaine d'associations de métier vont prendre possession des lieux, par exemple celle des métiers du bois ou encore les charpentiers. Vous imaginez bien que pour apprendre et se spécialiser dans ces métiers, il faut de la place, des outils modernes et complets, le tout avec une centralisation de ces formations. Voilà ce que le Centre pourra offrir.

Écouter l'interview complète de Patrick Gendre:

RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Mattia Pillonel
...