"Je n'arrivais plus à sortir un mot"
L'aphasie est trouble de la communication qui apparait principalement après un AVC. Immersion dans un groupe thérapeutique fribourgeois.

Imaginez-vous perdre la parole du jour au lendemain. C’est ce que peut provoquer l’aphasie, un trouble de la communication qui apparait principalement après un AVC et qui touche 5'000 nouvelles personnes chaque année en Suisse.
L'aphasie se manifeste de différentes manières selon les individus. Une personne atteinte aura, par exemple, de la peine à parler, à trouver ses mots. Elle peut mélanger les chiffres ou avoir des difficultés à comprendre chaque mot d'une conversation. L'écriture et la lecture peuvent aussi devenir quelque chose de difficile à faire.
Se réunir pour parler d'aphasie est donc l’objectif d’un groupe de parole animé par deux logopédistes qui a lieu ponctuellement à l’Hôpital cantonal de Fribourg. Assis autour d'une table, les participants racontent leurs expériences, partagent quelques astuces pour vivre avec ce trouble et font des exercices de lecture et de mémorisation. Parmi eux, Yvan, qui a eu un AVC en 2015. Il a été frappé d'aphasie dès son réveil à l'hôpital. "Je n'arrivais plus à sortir un mot", explique-t-il. S'il peut désormais s'exprimer, la communication reste compliquée au quotidien pour cet octogénaire.
"Vous avez bu?"
Durant la séance, Yvan raconte qu'il a été contrôlé par la police alors qu'il roulait en voiture. Ne trouvant pas son porte-monnaie directement et ayant des difficultés à s’exprimer en raison de l'aphasie, le policier lui demande: "vous avez bu?". L’Aphasie peut être handicapante socialement. En effet, si la diction est problématique et les mots se bousculent, une personne atteinte de ce trouble ont encore toute leur tête.

Le problème, c'est que pas tout le monde ne comprend cela. De nombreuses personnes aphasiques ressentent une gêne au moment de s'exprimer en public. C'est là l'importance de ces groupes. "Ça me motive pour discuter. Je suis entouré de gens qui comprennent" explique Pierre-Alain, participant et président de l'Aphasia Club Fribourg.
Au cours de la séance, et malgré les difficultés, tout le monde prend la parole, exerce sa diction et sa mémoire. Les sourires sont nombreux. Pourtant, la situation n’est pas facile à accepter pour tout le monde. "Il y a un avant et un après, reconnait un participant. Je pensais accepter cet AVC, mais ce n’est pas vrai".
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