De soldate à aumônière musulmane: elle raconte

A 29 ans, la Fribourgeoise Nida Errahmen Ajmi est à ce jour la seule femme aumônière musulmane de l'armée suisse. Rencontre.

Nida Errahmen Ajmi se confie sur son rôle d'aumônière musulmane à l'armée suisse. © Frapp

L'armée suisse compte plus de 200 aumôniers. Parmi eux, Nida Errahmen Ajmi, 29 ans. La Fribourgeoise aussi connue sous son pseudo Instagram "Nidonite" y officie comme l'unique aumônière musulmane. Son rôle consiste à accompagner les militaires sur le plan spirituel, sans distinction de grade ni de fonction. Avant de devenir aumônière, elle a suivi un long cheminement, motivée par l’idée de servir son pays. 

Cette nomination reste récente, puisque ce n'est que depuis 2022 que l'armée suisse ouvre les rangs de son aumônerie aux soldats de confession musulmane, juive ou venus d'autres minorité chrétiennes. "Il y avait un vrai besoin de diversifier les confessions représentées", estime-t-elle. "L’aumônerie, c’est prendre soin du bien-être spirituel des militaires." Selon elle, le terme «spirituel» recouvre toutes les croyances, y compris l’absence de croyance. "Tout le monde vit avec sa spiritualité, avec un Dieu, une religion, ou pas du tout. Il faut être capable de se mettre au niveau de la personne."

Ce choix n’a pas été anodin, car c'était également l’opportunité pour elle de montrer qu’une femme musulmane pouvait concilier sa foi, son identité culturelle et un rôle au sein des forces armées. Selon elle, l’armée a aussi un grand besoin de femmes prêtes à s’engager. Le thème a été soulevé récemment: le Conseil fédéral songe à rendre la journée d'information sur l'armée obligatoire pour les femmes. 

De soldat du train à aumônière 

Après une école de recrue passée auprès des soldats du train, - un corps de l'armée qui se déplace à cheval - Nida Errahmen Ajmi s'est décidée très vite à emprunter la voie de l'aumônerie. "Je savais que je pouvais y être utile. De par mes études, ma place de femme dans la société et mes bagages spirituels." La jeune femme diplômée en communication a d'ailleurs consacré son travail de Master à l'aumônerie dans l'armée. 

La Fribourgeoise a ensuite dû suivre des cours sur trois semaines au sein de l'armée pour y apprendre les spécificités de l'accompagnement spirituel dans une telle institution. "Je n'ai pas eu besoin de faire plus de formation étant donné que j'avais déjà fait mon école de recrue. Mais il est possible d'intégrer l'aumônerie de l'armée sans l'avoir fait." Elle a terminé sa formation en juin 2024.

Dans sa transition vers l’aumônerie, elle confie toutefois un petit regret: "Je ne pourrais plus marcher à côté du cheval", plaisante-t-elle, tout en affirmant qu’elle se sent "beaucoup plus utile" comme aumônière. 

Ecoutez aussi l'émission "Coin de ciel" du 1er octobre 2023:

Frapp - Laura Kolly
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