Les chasseurs reprennent du service

Leur nombre a baissé de 12,5% en 10 ans dans le canton de Fribourg. Le chevreuil reste l'animal le plus chassé.

Les préfectures fribourgeoises délivrent les permis de chasse jusqu'au 1er septembre. © KEYSTONE

A Fribourg, la chasse s'ouvre officiellement le 1er septembre. Une pratique toujours bien représentée dans le canton, même si le nombre de chasseurs a baissé depuis 2012.

A l'époque, ils étaient plus de 800. En 2021, ils sont 12,5% de moins, rapporte Elias Pesenti, responsable du domaine faune terrestre et inspecteur de la chasse à l'Etat de Fribourg. Pour Marco Pittet, attaché de presse de la Fédération fribourgeoise des sociétés de chasse, cette baisse est liée au vieillissement de la population de chasseurs.

Les femmes, elles, sont largement sous-représentées. On en dénombre une vingtaine dans le canton.

La formation attire

Quiconque veut chasser dans le canton de Fribourg doit suivre une préparation de 18 mois dispensée par la Fédération fribourgeoise des sociétés de chasse. Pour chaque session, les places sont limitées à 70 candidats.

L'engouement pour la formation est impressionnant. A la dernière session, les responsables ont dû refuser environ 30 personnes. "Si on pouvait former 100 chasseurs, on le ferait, mais on manque d'infrastructures, explique Marco Pittet. Le gros problème dans le canton, c'est que les stands de tir ferment les uns après les autres."

Des coûts importants

Pour suivre les cours, il faut débourser environ 800 francs. Selon Marco Pittet, le coût est largement justifié. "On ne forme pas que des chasseurs, mais des gens qui sont alertes à la nature en général."

Dans son cursus, chaque chasseur doit investir au minimum 50 heures pour des activités au service de la nature. Durant la chasse, le candidat doit être accompagné par des chasseurs expérimentés. "C'est une formation extrêmement sérieuse et c'est quelque chose qu'on met en avant, nous aussi,", poursuit Marco Pittet.

L'examen de chasse a lieu tous les deux ans. Les épreuves théoriques et pratiques sont régies par le Service des forêts et de la nature (SFN). Après leur réussite, les chasseurs peuvent prétendre au permis de chasse fribourgeois.

Pour le permis dit "de base", il faut compter environ 500 francs. Il permet de tirer renards, blaireaux, fouines, pies et corneilles, à volonté. Chaque initié doit y souscrire. Ce sésame n'est pas soumis à une réglementation de nombre d'adhérents, contrairement à la formation. Pour pouvoir tirer d'autres espèces, il faut mettre la main au porte-monnaie.

  • Pour le chamois (permis A), il faut compter 250 francs pour une bête adulte. Ce permis est délivré par tirage au sort;
  • Le chevreuil (permis B) implique de débourser 160 francs pour un adulte et 80 francs pour un animal de moins de 13 kg. C'est le permis le plus délivré. Il a totalisé 662 adhérents pour la saison 2021/2022;
  • Pour pouvoir chasser le cerf (permis C), il faut sortir 200 francs. 304 chasseurs y ont souscrit l'année dernière;
  • Il existe encore d'autres permis, comme le permis D, qui donne la possibilité de prélever le sanglier sur la totalité du territoire cantonal, hors réserve. Ce dernier coût 100 francs. Le permis D est le deuxième le plus populaire. Il a totalisé 494 chasseurs l'année dernière;
  • Pour pouvoir chasser le gibier à plumes (permis E), il faut débourser 100 francs également;
  • Les permis F et G permettent de tirer le gibier d'eau sur les lacs de Neuchâtel et de Morat. Ils coûtent 150 francs chacun.

Encadrer la pratique

Les permis de chasse sont cantonaux. Les chasseurs doivent donc veiller à respecter les bornes, sous peine d'une amende. Le canton de Fribourg a toutefois conclu des accords, notamment avec le canton de Vaud. Un chasseur fribourgeois peut contracter un permis vaudois, mais il devra payer une majoration qui se monte de deux à trois fois le prix du permis.

Pour que la pratique soit contrôlée et sécurisée, les gardes-faune entrent en jeu. Pendant la période de chasse, ces gardiens de la forêt veillent au respect des lois. Lorsqu'un chasseur tire une proie, il doit la présenter au garde-chasse. Ce dernier contrôle que le carnet de chasse soit rempli conformément aux exigences, explique Andreas Binz, chef de section faune, chasse et pêche et chef de service adjoint au SFN.

En cas de non-respect de la loi, les chasseurs risquent des sanctions. Celles-ci peuvent aller de l'amende d'ordre au retrait de permis, en dernier recours. Les cas les plus graves sont dénoncés aux instances judiciaires. C'est la direction des institutions, de l'agriculture et des forêts (DIAF) qui doit alors statuer. "Normalement, les chasseurs font un très bon travail. Pour 90% d'entre eux, il n'y a pas de souci", annonce Andreas Binz.

Les gardes-faune sont notamment confrontés aux braconniers, c'est-à-dire aux personnes qui chassent sans permis. "Malheureusement, c'est une problématique que l'on rencontre chaque année", confie Elias Pesenti. "Ces phénomènes sont des cas isolés, on en dénombre un, voire deux par année", tempère Andreas Binz.

Pas de hasard du calendrier

Dès le 1er septembre, avec un permis de base, les chasseurs peuvent tirer les corvidés, autrement dit les pies et les corneilles et les carnassiers, comme le renard, le blaireau et la fouine. Deux semaines plus tard débute "la vraie chasse d'automne" avec le chamois et le chevreuil.

Le cerf est tiré un peu plus tard, dès la mi-octobre. La chasse du chevreuil est limitée à quatre individus. Chaque chasseur peut tirer un mâle, une femelle et un petit. Il peut tirer une quatrième bête dans des zones délimitées par le canton. Le chamois et le cerf sont également soumis à des quotas de tir. Par exemple, pour le chamois, c'est une seule bête par chasseur. Concernant le cerf, la limitation est fixée cette année à 145 individus.

En plus des exigences du calendrier, la pratique est soumise à d'autres limites très précises. Elle est autorisée lorsque la visibilité est suffisante, et sous réserve des extensions ou restrictions pré­vues par l'ordonnance annuelle concernant la planification de la chasse (art. 56). Il est permis de tirer les animaux dès une heure avant le lever du soleil et jusqu'à une heure après le coucher du soleil, selon les éphémé­rides de Berne.

La chasse est interdite le dimanche, les jours fériés ainsi que certaines journées en fonction des mois de l'année: les mercredis et vendredis de septembre et d'octobre (pour la chasse en plaine) et les vendredis de novembre, décembre, janvier et février (pour la chasse en plaine et en montagne). La pratique est également proscrite hors périodes fixées pour les différentes chasses.

Frapp - Anaïs Rey
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