La population lassée des feux d'artifice
Selon notre sondage, vous êtes une majorité à plébisciter l'interdiction du spectacle. Un résultat qui ne surprend pas Pro Natura.

Ne cherchez pas les feux d'artifice cette année, ni de près, ni de loin. Les communes renoncent les unes après les autres aux tirs professionnels, tandis que les particuliers ont reçu l'interdiction d'allumer des engins. Coop, Migros, Jumbo et d'autres revendeurs ont retiré le matériel du marché, la semaine dernière déjà.

La sécheresse motive ces directives de sécurité. La pluie de ce vendredi ne va pas les bouleverser. Mais, sous-jacente, une lassitude générale gagne toujours plus la population. Selon notre sondage (1457 participations en deux jours), vous êtes plus de 56% à estimer que les feux d'artifice sont une catastrophe pour l'environnement.
Bien que non représentatif, le résultat réjouit les défenseurs de la nature. "Il y a une prise de conscience", analyse Marc Vonlanthen, président de Pro Natura Fribourg et conseiller général socialiste. "C'est encourageant, car on connaît l'impact négatif sur les animaux domestiques et sauvages. Sans parler des poussières fines engendrées et du bruit qui incommodent les gens."
Les détonations peuvent avoir des conséquences dramatiques, notamment pour les oiseaux d'eau selon Pro Natura, qui soutient l'initiative pour une limitation des feux d'artifice. "A Fribourg, le tir est tout proche de la réserve naturelle du lac de Pérolles. C'est problématique, car il coïncide avec une période de mue des animaux, qui peinent ainsi à fuir le bruit et leur cause un stress important", explique Marc Vonlanthen.
L'annulation du spectacle, lundi, offrira un répit à la faune. Mais à Nouvel-An, le scénario pétardant se répètera. Le socialiste fait partie de ceux qui préconisent une interdiction totale du spectacle pyrotechnique. "On peut revenir à des traditions plus modestes, qui existaient bien avant l'arrivée des feux d'artifice." De quoi fâcher la part du public qui y tient. "C'est inévitable, mais ça ne doit pas être un prétexte."
A Bulle par exemple, il semble qu'on s'achemine vers un abandon de la tradition, du moins pour cette législature. "On a reçu assez de courriers citoyens pour conforter cette décision", nous a indiqué le syndic Jacques Morand. Le budget de 12'000 francs est réinvesti pour des animations culturelles.
Ailleurs, certaines communes comme Portalban, Cudrefin et Bienne ont opté pour un spectacle de drones. Mais là encore, des voix contestent cette alternative. "Il ne faut pas remplacer les feux par quelque chose qui entretient le problème", réagit encore Marc Vonlanthen.
Si le ras-le-bol de la population se confirme, couplé aux épisodes de sécheresse rendant l'allumage de feux impossible, tout un secteur sera amené à se réinventer. Le Gruérien Jean Dorthe a progressivement abandonné l'activité d'artificier, qu'il estime trop contraignante.
Près de 1650 tonnes de feux d'artifice sont tirées en moyenne chaque année en Suisse, selon l'Office fédéral de la police. Selon une étude, les ventes de détail génèrent un chiffre d’affaires annuel d’environ 20 millions de francs.