"Les plus téméraires fument même en classe"

Selon une étude, 59% des 14-25 ans ont déjà testé les puffs, ces cigarettes électroniques jetables. Focus au CO de la Veveyse.

Les jeunes entre 14 et 25 sont particulièrement sensibles à cette nouvelle tendance. Le CO de la Veveyse déplore un pourcentage de consommateurs plus élevé que la moyenne. © La Télé / Unsplash

C'est petit, coloré et très discret: les nouvelles manières de consommer de la nicotine, dont la cigarette électronique, passent inaperçues parmi les affaires d'école. Avec une promotion accrue sur les réseaux sociaux, l'addiction à ce produit commence de plus en plus tôt chez les jeunes. Selon une étude d'Unisanté et Promotion santé Valais, 59% des 14-25 ans ont déjà testé les puffs, ces cigarettes électroniques jetables.

Le CO de la Veveyse ne fait pas exception, au contraire: les chiffres sont mêmes plus élevés qu'ailleurs selon les médiateurs. "Quand j'interroge mes élèves pour savoir qui a déjà testé ou qui consomme régulièrement, je trouve que les chiffres sont assez alarmants", s'inquiète Céline Genoud, médiatrice et enseignante à Châtel-Saint-Denis.

Au secondaire veveysan, les chiffres interpellent. Les deux tiers de l'établissement environ auraient déjà testé la puff, tandis que la moitié vapoterait de façon régulière. "Ils fument sur le chemin pour monter au CO, dans les toilettes, les plus téméraires fument même en classe", soutient Quentin Bovet, travailleur social au CO de la Veveyse.

On n'est pas dupe, quand on passe dans les couloirs et que ça sent la barbapapa, ce n'est pas parce que les élèves en ont mangé.

L'appareil se dissimule facilement et est plus simple d'utilisation qu'une cigarette, puisqu'il n'y pas besoin de l'allumer pour pouvoir tirer dessus. "On n'est pas dupe, quand on passe dans les couloirs et que ça sent la barbapapa, ce n'est pas parce que les élèves en ont mangé", ironise Quentin Bovet. "Comme c'est très facile à fumer et à cacher rapidement, ils le font partout."

Chaque élément entouré est un produit contenant de la nicotine. Source: La Télé

Problèmes d'addiction

L'inquiétude avec cette tendance, c'est que les jeunes risquent toujours plus de développer une addiction à la nicotine. "Déjà, de par la nature du produit, on a un certain nombre de taffes. On ne se rend pas compte de combien on consomme", explique Véronique Pittet, chargée de prévention au Centre d'information pour la prévention du tabagisme (CIPRET), à Fribourg.

De plus, il ne s'agit pas là de nicotine naturelle extraite de la plante de tabac, mais de nicotine de synthèse et de sels nicotiniques, dont l'apparition sur le marché ne remonte pas à long. Les risques de consommation de ces produits sur le long terme ne sont pas encore totalement connus. "On sait par contre qu'en développant une addiction à la nicotine, il y a une plus grande vulnérabilité pour le développement d'autres addictions", rappelle encore Véronique Pittet.

Un accès trop facile

Mais alors, où les jeunes vont-ils se procurer ce produit si controversé? Selon l'enquête d'Unisanté, 3% des consommateurs l'achètent en ligne, 33% se les procurent via des connaissances et le reste dans les commerces du coin.

Or, depuis l'an passé, il faut avoir 18 ans minimum pour pouvoir acheter une puff dans le canton de Fribourg. Cependant, chaque canton a sa propre limite d'âge et celle du canton de Vaud n'est que de 16 ans. Ainsi, pour les jeunes Veveysans qui aiment vapoter, c'est un avantage.

Le peu de contrôle rend la gestion du phénomène compliquée. C'est ce vide juridique que les acteurs de la sensibilisation interrogent. Un travail qui doit donc également être fourni du côté des adultes, qui doivent pouvoir identifier ce puffs et discuter avec les jeunes de ces nouvelles tendances.

La Télé - Cloé Pichonnat / Adaptation Web: Rémi Alt
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