Un Sherlock Holmes en blouse blanche
Harriet Thoeny, cheffe du service de radiologie de l'HFR, a reçu deux distinctions internationales. Une première pour une Suissesse.

Et pourtant, la radiologie n'était pas une vocation pour la Professeure. "On est comme Sherlock Holmes, on connaît un problème mais on ne connaît pas (encore) la solution."
Harriet Thoeny est radiologue et passionnée par son métier. La cheffe du service de radiologie de l'HFR, en poste depuis 2018, souligne que sa spécialité est au coeur de chaque hôpital. Presque toutes celles et ceux qui y viennent passent par la radiologie. Une discipline à la fois contemplative, avec l'observation des images pour trouver la pathologie, mais aussi interventionnelle. Elle permet en effet de réaliser des gestes médicaux importants, comme par exemple les biopsies ou autres interventions peu invasives, guidées par l'imagerie médicale.
La radiologue vient d'être doublement distinguée. La Société française de radiologie et la Radiological Society of North America l'ont toutes deux nommée membre d'honneur. Une première pour une Suissesse.
Des rencontres providentielles
Mais c'est en fait au Liechtenstein que la petite Harriet voit le jour. Elle se rêve déjà médecin. Mais aussi polyglotte et voyageant à travers le monde. En revanche, elle ne s'imagine ni radiologue ni chercheuse. Des rencontres providentielles la feront toutefois changer d'avis. Après ses études de médecine à Berne, elle fait un stage au Tessin. Elle y côtoie un radiologue qui va changer le cours de son existence: il la convainc de renoncer à une spécialisation en dermatologie pour se lancer dans l'étude des images aux rayons X.
De retour à Berne, elle s'intéresse alors à l'urologie et à la néphrologie. Elle fait aussi la connaissance de deux Professeurs en médecine qui voient en elle un beau potentiel académique. Plus tard encore, en Belgique, elle se spécialise en ORL et s'associe à un ingénieur pour faire ses recherches. Elle commence à publier des articles, environ une centaine à ce jour, qui petit à petit constituent sa réputation internationale.
Un travail d'équipe
"La recherche, c'est toujours un groupe", souligne Harriet Thoeny. Et pas seulement des radiologues, mais aussi d'autres spécialistes en médecine, des physiciens, des ingénieurs. "C'est un échange intellectuel qui est un plaisir énorme."
La radiologue aime donc chercher et collaborer. Elle aime aussi transmettre. Elle enseigne sa spécialité à l'Université de Fribourg dans le cadre du master en médecine. Avec seulement 40 étudiants, les contacts sont directs et plus simples. L'occasion pour la Professeure d'encourager ces jeunes à suivre sa voie en leur montrant à quel point elle s'y épanouit.
Susciter des vocations
Car la radiologie n'attire pas les foules. A côté d'autres spécialités comme la chirurgie ou la médecine interne, elle semble un peu rébarbative aux jeunes médecins. Dans la tête des patients aussi:"Nous sommes les techniciens et techniciennes qui font les images" regrette Harriet Thoeny. Seuls 15 % de celles et ceux qui ont fini leur médecine en Suisse choisissent cette spécialité. Alors que les besoins sont grandissants en raison notamment du vieillissement de la population.
La radiologue espère donc inciter des jeunes à choisir cette spécialité, notamment les femmes, qui manquent parfois de confiance en elles. "Le doute fait avancer, mais parfois nous les femmes nous avons trop de doutes... Alors que les hommes en ont peut-être trop peu", ironise la radiologue.