Psychothérapie menacée: "C'est dramatique pour les patients"

Le non-remboursement des prestations des thérapeutes en formation impacte fortement les cabinets. Exemple à Bulle.

Stéphanie Buri est la gérante du cabinet Lavicennes à Bulle. © RadioFr.

Le début d'année est délicat pour des centaines de patients fribourgeois qui ont un suivi psychologique. Depuis le 1e janvier 2023, suite à un changement législatif, plusieurs caisses maladie ne veulent plus rembourser les séances menées par des thérapeutes qui n'ont pas encore terminé leur formation postgrade, mais qui exercent pour acquérir une expérience clinique.

Selon un sondage non exhaustif mené par l'Association fribourgeoise des psychologues, au moins une cinquantaine de professionnels sont concernés dans le canton de Fribourg. Et parmi eux, environ 20% a dû s'inscrire au chômage suite à une baisse d'activités.

Les cabinets de psychothérapie font face au même paradoxe: travailler moins alors que la demande augmente. Exemple à Bulle, au cabinet Lavicennes avec sa gérante, la psychologue-psychothérapeute Stéphanie Buri.

RadioFr : Les prestations des psychothérapeutes en formation ne sont plus remboursées par certaines caisses maladie. Comment cette situation vous impacte-t-elle?

Stéphanie Buri: Six psychologues psychothérapeutes sont en formation chez nous. Ils travaillent à temps partiel entre 50 et 60%. À eux six, ils suivent une centaine de patients. Seuls entre 25-30% d'entre eux ont un suivi garanti. Pour les autres, soit quand même environ 70%, on se pose encore beaucoup de questions.

Quelles alternatives pouvez-vous leur proposer?

C'est compliqué parce qu'ils n'ont pas forcément envie d'avoir un changement de thérapeute. De plus, les autres cabinets sont pleins. Il y a souvent un mois, voire plus, d'attente. Il y a malheureusement très peu d'options. On essaie de téléphoner aux assurances pour débloquer les dossiers. Certaines l'ont d'ailleurs fait depuis le 1er janvier. Ce qui est une bonne nouvelle, car petit à petit, des assurances changent leur position. Mais sinon, on a une marge de manœuvre très limitée. On leur demande de rester patient, c'est très difficile.

Comment réagissent vos patients concernés?

Pour eux, c'est dramatique. C'est très triste. Pour celles et ceux qui avaient un suivi depuis plusieurs années avec le même personne, ça ne fait aucun sens que leur suivi ne soit plus remboursé du jour au lendemain. Il y a beaucoup d'incompréhension.

Quelles sont les conséquences pour les psychothérapeutes en formation dans votre cabinet?

Leur taux d'activité a drastiquement chuté. On ne peut plus leur garantir un emploi comme avant. Ils se retrouvent à 25% de leur taux d'activité habituel. Ils ne travaillent plus qu'un ou deux jours par semaine. Il y a des conséquences financières avec une inscription au chômage pour certains. C'est un vrai paradoxe. Les demandes sont là, on a tous les jours des sollicitations, mais on doit dire non car le système ne nous le permet pas.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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