La venue de Nespresso aura coûté cher à Romont

Pour faire venir le géant du café en Glâne, la commune a dû payer 8,4 millions de francs de dépollution des terrains.

En 2012, Romont et Nespresso s'étaient mis d'accord sur la vente de 100'000 m2. © KEYSTONE

Romont et Nespresso ont définitivement trouvé un arrangement au sujet de l'assainissement des terrains où est basée l'entreprise. Le Conseil général de la commune glânoise a approuvé jeudi soir à une très large majorité (38 oui, 4 non et 2 abstentions) un accord qui a été conclu par l'exécutif avec la multinationale de Vevey.

Dans le détail, la commune débloquera encore 4,7 millions de francs pour la dépollution du site, situé dans la zone industrielle En Raboud. Cette somme s'ajoute aux 3,7 millions de francs qui ont déjà été déboursés depuis 2013. Au total, la dépollution des terres vendues à Nespresso aura donc coûté 8,4 millions de francs au chef-lieu glânois, soit environ le double de ce qui avait été estimé à l'époque.

"On s'enlève une épée de Damoclès"

Rappelons que lors de la vente des terrains en 2012, Nespresso et Romont s'étaient entendus sur le fait que les frais d'assainissements seraient à la charge de la commune, "indépendamment du fait que les travaux aient lieu de suite ou ultérieurement, dans une limite maximum de 25 ans."

"Sur les 100'000 m2 carrés vendus à l'époque, il reste encore environ un tiers qui pourrait être valorisé à l'avenir. Si on ne trouvait pas d'arrangements maintenant, compte-tenu de ce qui avait été décidé en 2012, on avait toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique le syndic Jean-Claude Cornu, ravi d'avoir pu solder les comptes avec Nespresso.

Un avis d'ailleurs partagé par l'ensemble des groupes politiques du législatif, à l'exception des Verts. "À l'époque, on avait déjà dénoncé cet arrangement, tout au bénéfice de Nespresso. On s'est laissé appâté. Dans la vente, il aurait vraiment fallu mieux tenir compte du prix de dépollution", peste la conseillère générale écologiste Nicole Bardet.

En 2012, la vente du terrain à Nespresso avait été fixé à 8,8 millions de francs. La commune de Romont ne touchera de loin pas ce montant, la faute aux importants frais d'assainissement.

Si bien que dans les calculs finaux, la commune n'aura réalisé, de facto, qu'un bénéfice d'environ 390'000 francs dans cette transaction immobilière. Jean-Claude Cornu relativise: "Dix ans plus tard, il faut voir ce qu'a rapporté l'implantation de Nespresso à Romont. L'entreprise va employer 600 collaborateurs d'ici la fin de l'année." Et le syndic de Romont de préciser encore que les retombées fiscales seront non négligeables, même si l’entreprise est encore exonérée d’impôts jusqu’en 2024 pour la phase 1 de sa production."L'entreprise paie, néanmoins, déjà une taxe immobilière qui rapporte déjà chaque année plusieurs centaines de milliers de francs à la commune", ajoute Jean-Claude Cornu.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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