L'alcool bientôt vendu à la Migros, bonne ou mauvaise idée?

Est-ce une trahison ou une évolution normale? Un professeur de marketing et les milieux de la prévention réagissent.

Les délégués ont accepté le 6 novembre de modifier les statuts permettant la vente d’alcool dans les succursales. © KEYSTONE

Une petite révolution est en train de se préparer pour le géant orange. Ses délégués ont accepté le 6 novembre de modifier les statuts permettant la vente d’alcool dans les succursales. En décembre, ce sera au tour des dix coopératives régionales de se prononcer. Le vote final reviendra aux coopérateurs, et donc à une partie des consommateurs.

Certains dénoncent une trahison de l’ADN de la Migros, d’autres estiment que c’est une évolution naturelle pour rester concurrentiel sur le marché. Pour le professeur de marketing de la Haute école de gestion de Fribourg, Etienne Rumo, "C'était une question de temps et de stratégie. C'est clair que le marché de l'alcool est très concurrentiel." La vente d'alcool est lucrative. Migros prévoit d'augmenter de 1,5 à 2 milliards de francs son chiffre d'affaires. 

Qu'en pensent les milieux de la prévention?

La semaine dernière, la Croix Bleue et Addiction suisse ont pris position et mis en garde contre les effets d’une telle décision. Dans les milieux de la prévention à Fribourg, on ne voit pas cette décision forcément d'un mauvais œil. Jade Mory est responsable de la communication à Reper: "Les dirigeants de la Migros changent de stratégie. Chez Reper, on n'est pas contre l'idée, mais c'est un "oui mais". On est plus attentif à ce que la régularisation soit bien mise en place, donc régularisation des prix et de l'accessibilité".

Parce qu'il y a la peur de voir débarquer des produits du type M-budget avec des prix très bas pour des bouteilles d'alcool fort. Alexandre Terreaux est chargé de prévention à Reper dans les milieux festifs. Il estime que c'est un risque: "C'est une crainte et ce qu'on recommande c'est que cette possible augmentation des points de vente d'alcool soit vraiment accompagnée de mesures qui vont réglementer soit les prix, soit limiter les heures d'accès à ces produits, soit restreindre la publicité. Enfin ce qui est important aussi, c'est que la formation du personnel soit suffisante pour permettre de respecter les mesures de protection de la jeunesse." L’entreprise Migros n’a d’ailleurs pas mentionné dans ses intentions la vente de cigarettes. 

RadioFr. - Karin Baumgartner
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