Le débat Macron-Le Pen

Les candidats se retrouvent face à face pour le traditionnel débat d'entre-deux tours.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron se retrouvent, comme en 2017. © KEYSTONE

Les deux adversaires ne prennent pas ce rendez-vous à la légère et s'y sont préparés jusqu'au dernier moment. A quatre jours d'un second tour beaucoup plus serré qu'en 2017, même si les sondages donnent régulièrement Emmanuel Macron vainqueur entre 53 et 56%, le débat peut avoir des conséquences importantes.

Il y a cinq ans, il avait été désastreux pour Marine Le Pen, fébrile, agressive et mal préparée face à un jeune candidat apparu calme et maîtrisant ses dossiers. Le crash en direct de la candidate d'extrême droite avait marqué les esprits, y compris chez ses partisans. "Elle a été mise en situation pour anticiper les arguments de son adversaire et ainsi arriver mieux préparée, cette fois", estime Jérôme Jacquin, linguiste à l'Université de Lausanne.

"Un coup de pied aux fesses"

"Pour moi, un échec, c'est parfois un coup de pied aux fesses", a récemment confié Marine Le Pen, qui assure avoir tiré les leçons du naufrage et se dit "extrêmement sereine". Depuis cinq ans elle a patiemment remonté la pente, travaillé ses dossiers, lissé son image, jusqu'à se définir comme une "mère de famille" pour la France.Marine Le Pen "a l'expérience maintenant, elle a beaucoup travaillé, elle maîtrise les sujets, ce n'est pas une question de peur, c'est une question de concentration", a estimé le vice-président du Rassemblement national (RN) Louis Aliot.

Face à elle, Emmanuel Macron, outsider de choc en 2017 qui se réclamait "ni de droite ni de gauche", n'a plus la fraîcheur de la nouveauté. Il a un bilan d'un quinquennat à défendre, ainsi que l'image qui lui est souvent accolée de "président des riches" à corriger. Le président sortant, qui n'a participé à aucun débat pendant la campagne, admet prendre "très au sérieux" le rendez-vous télévisé de mercredi soir. Il va tenter de convaincre un électorat de gauche méfiant, voire hostile, à son égard.

Projet contre projet

"La stratégie du 'tout sauf Le Pen' ne fonctionne plus. C'est vraiment du projet contre projet, argument contre argument, sur tous les enjeux qui nous séparent violemment du projet de Marine Le Pen: sur l'Europe, sur le rapport à l'autre, sur l'économie, sur le social, sur le fiscal, bref sur tout", décrivait il y a quelques jours un député de la majorité présidentielle, Roland Lescure.

Dans le camp adverse, Mme Le Pen doit montrer qu'elle est "crédible, qu'elle sait rassembler, mais surtout qu'elle incarne la fonction, ce que n'a pas réussi à faire M. Macron", a affirmé Louis Aliot. Il a espéré que le débat soit "solennel, sérieux, argument contre argument" sans "agressivité générale".

Pendant la campagne, les deux adversaires se sont jusque-là affrontés à distance, se rendant coup pour coup. Mme Le Pen, a accusé à plusieurs reprises son adversaire de "brutalité" et a fustigé la "vacuité de son projet".

Emmanuel Macron a pour sa part attaqué sa rivale sur la "radicalité" de son programme, dissimulée derrière une "banalisation" de l'extrême droite et l'image recentrée de Mme Le Pen.

Quel ton?

Pour ce débat, les deux candidats se sont beaucoup entraînés avec leur équipe de communication, en pratiquant des jeux de rôle, ou en répétant certains bouts de séquence. Y a-t-il des techniques de déstabilisation de son adversaire en termes de rhétorique? Jérôme Jacquin s'attend à un ton agressif. "On s'attend à peu d'attaques, mais plutôt à des mises en contradiction." Selon le linguiste, Marine Le Pen attaquera l'arrogance d'Emmanuel Macron. "Il devra se montrer modeste, ce sera le gros morceau de ce débat."

ATS / RadioFr.
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