Le mouvement des étudiants se poursuit localement

Jeudi, des actions ponctuelles étaient encore signalées sur le campus de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), à Neuchâtel et à Fribourg. Mais le mouvement ne fait pas l'unanimité.

Depuis jeudi dernier, l'occupation d'un bâtiment de l'Universite de Lausanne par des étudiants pro-palestiniens se poursuit pacifiquement mais seulement en journée. © KEYSTONE

Une nouvelle occupation pro-palestinienne a débuté jeudi à la mi-journée sur le campus de l'EPFL. La direction de la Haute Ecole a demandé aux quelque 70 manifestants de quitter les lieux dans les meilleurs délais. Elle a finalement dû faire appel à la police pour évacuer en fin de journée un dernier groupe d'une quinzaine de personnes.

"Il n'y a pas eu d'arrestation ni de prise d'identité étant donné que les manifestants sont finalement sortis d'eux-mêmes", a précisé à Keystone-ATS un porte-parole de l'EPFL, Emmanuel Barraud.

L'occupation s'est voulue "pacifique et sans bloquer les salles de cours" dans le hall du bâtiment d'architecture (SG), a indiqué de son côté la Coordination étudiante pour la Palestine (CEP).

Les revendications sont toujours les mêmes, parmi lesquelles le boycott des institutions académiques israéliennes. La direction, qui dit "regretter" la situation, estime que "la voie prise par les manifestants est de nature à établir un rapport de forces plutôt que d'offrir un cadre propice à une discussion". Elle attend désormais que les nouvelles revendications lui soient formulées par écrit, ainsi que toute demande de discussion.

Elle proposera une rencontre, ouverte à tous les membres de la communauté EPFL, qui se tiendra en fin de semaine prochaine, a-t-elle indiqué en début de soirée.

A la faculté des sciences à Neuchâtel

A Neuchâtel, le collectif Etudiant pour la Palestine a annoncé qu'il poursuivait la mobilisation en s'installant à la faculté des sciences. La veille au soir, les sympathisants pro-palestiniens avaient accepté de suspendre l'occupation du hall de l'aula des Jeunes-Rives pour ouvrir le dialogue avec le rectorat.

"La direction de l'Université a écarté sans discussion l'ensemble des revendications, prétendant déjà en faire assez et prétendant faussement qu'il n'y a aucun lien entre l'Université de Neuchâtel et des institutions israéliennes", affirme le collectif. Il estime que neutralité politique ne coïncide pas avec neutralité académique.

Dans un communiqué diffusé en soirée, le rectorat a indiqué que les manifestants - qui avaient accepté son offre de dialogue - n'ont pas répondu à la proposition concrète d'une rencontre le 22 mai. Cette date ne semblant pas convenir aux étudiants pro-palestiniens, le rectorat propose de les recevoir vendredi 17 mai, précise-t-il dans le communiqué.

Selon l'Université, l'occupation peut se terminer de deux manières: le collectif se retire avant la fermeture des bâtiments à 18h30 ou alors le rectorat pourrait déposer une plainte pénale pour violation de domicile. Le rectorat propose un modus vivendi: les manifestants renoncent à une occupation nocturne, mais peuvent rester dans les locaux occupés durant les heures d'ouverture en adoptant "une attitude de respect vis-à-vis du reste de la communauté universitaire".

Dissensions à Fribourg

A Fribourg, quelques membres du CEP se trouvaient encore jeudi en fin d'après-midi dans le hall d'entrée du bâtiment de Pérolles. Au sein même de la communauté estudiantine, des divisions sont toutefois apparues.

Réuni mercredi soir, le conseil estudiantin de l'association générale des étudiants de Fribourg (AGEF) s'est désolidarisé du mouvement d'occupation. Dans une prise de position, il condamne fermement les violations des droits de l’Homme commis en Palestine, mais ne soutient pas "un mouvement qui perturbe la communauté étudiante et qui ne fait pas usage des outils démocratiques disponibles".

L’AGEF souligne qu’elle n’a jamais été contactée par la CEP en vue de présenter ses revendications avant une quelconque occupation ou action de protestation. L'action est menée depuis lundi à Fribourg. Composé de 61 étudiants, le Conseil estudiantin a néanmoins accepté une motion listant plusieurs revendications.

L’AGEF souhaite entre autre que l’Unifr ne coopère plus avec les entreprises israéliennes ne respectant pas les règles éthiques de la Confédération et de l’Université. Elle demande aussi la création d’une commission scientifique d’enquête chargée de se pencher sur l’activité de Chaim Weizmann, docteur en chimie de l’Unifr en 1899 et premier président de l’Etat d’Israël en 1948.

UNES critique

Les occupations des universités de Berne, Bâle, Lausanne, Genève et Zurich ont elles pris fin entre mardi et mercredi.

L'Union des étudiants de Suisse (UNES) s'est pour sa part distanciée des occupations d'université en lien avec la cause palestinienne. Les actions de protestation sont légitimes au sein des hautes écoles, mais avec leurs propos parfois antisémites et leurs appels à la violence les étudiants du mouvement se sont discrédités, estime le co-président de l'UNES Gazmendi Noli cité dans un communiqué publié jeudi.

ATS
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