Le prochain festival d'Angoulême est annulé
La 52e édition du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) n'aura pas lieu en janvier 2026, révèle mercredi le journal français Libération. Les principaux éditeurs de bande dessinée ont décidé de ne pas participer à la prochaine édition.

Les organisateurs ont pris acte de ce retrait massif. Ils craignent désormais que cette annulation n’entraîne d’autres renoncements à l’avenir.
Une subvention de l’État fortement réduite
La crise est accentuée par une décision de l’État de sabrer sa subvention après des "manquements" constatés lors de l’édition 2025. Mercredi, le ministère de la Culture a confirmé avoir réduit de 200'000 euros son aide au festival, une coupe vivement déplorée par les collectivités locales.
À l’Assemblée nationale, la ministre de la Culture Rachida Dati a appelé à éviter que le festival "ne devienne un naufrage à compter de l’édition 2026". Elle a annoncé une réduction de "plus de 60% de la subvention accordée" à 9e Art+, l’organisateur.
Malgré cela, l’État continue de participer au financement du festival via la Direction régionale des affaires culturelles, qui a apporté 140'000 euros, et le Centre national du Livre, qui a contribué à hauteur de 200'000 euros.
Au total, l’État et les collectivités assurent près de la moitié du budget du festival. Celui-ci s’élevait à environ 6,6 millions d’euros en 2023, d’après les derniers comptes fournis par 9e Art+.
Auteurs et éditeurs en rupture
En début de semaine, les autrices et auteurs ont annoncé un boycott total du festival. Ils dénoncent la gouvernance de 9e Art+, les violences sexistes et sexuelles, la précarisation du secteur ainsi qu’un manque de transparence.
Face à cette mobilisation, les grands éditeurs de BD ont également décidé de se retirer. Le Syndicat national de l’édition a annoncé mardi qu’il ne participerait pas, rendant impossible le maintien du festival en l’absence d’artistes et d’éditeurs.
Une gouvernance contestée
Une vingtaine de lauréats du Grand Prix d'Angoulême ont appelé à un "changement rapide et profond" dans l’organisation du festival. Depuis 2007, celui-ci est géré par la société privée 9e Art+, dont les pratiques font l’objet de critiques récurrentes.
La dernière édition a été marquée par des accusations d’opacité financière et de "dérives" mercantiles. Le licenciement, en 2024, d’une salariée ayant déposé plainte pour un viol survenu en marge du festival a encore accru les tensions.
Vendredi dernier, les principaux éditeurs ont rejeté le nouvel appel à projets lancé par le festival pour tenter de sortir de la crise. Benoit Pollet, président du groupe BD du SNE, a estimé que "la confiance est rompue" et a appelé à une intervention forte des pouvoirs publics.
"Le festival pourrait ne pas s’en remettre"
Selon lui, sans réaction des autorités, l’édition 2026 restera compromise et le festival pourrait ne pas s’en remettre. L’association propriétaire du festival avait pourtant lancé un nouveau processus pour désigner un futur organisateur, annulant la reconduction de 9e Art+ jusqu’en 2027.
L’association a également décidé d’exclure d’emblée 9e Art+ du nouvel appel d’offres. Elle espérait ainsi apaiser les auteurs et éditeurs qui appelaient au boycott et retrouver une base de dialogue.
La 52e édition du festival devait initialement se tenir du 29 janvier au 2 février.


