Le tatouage, une réparation au bout de l'aiguille

Dans son salon à Fribourg, Ainhoa Cid Moreno permet aux femmes de se faire tatouer le sein après une chirurgie. Reportage.

Ce jour-là, Ainhoa a accueilli Lilou, qui a souhaité redéfinir la forme de ses aréoles après une réduction mammaire. © Frapp

A chaque tatouage son histoire. Celle d'une envie esthétique, parfois celle, aussi, d'une reconstruction. Ainhoa Cid Moreno y est sensible. La Fribourgeoise de 26 ans a décidé de se lancer dans le tatouage médico-esthétique, qui consiste à redessiner le mamelon et l'aréole après une ablation du sein ou une dépigmentation, notamment.

La tatoueuse a ainsi suivi une formation en Espagne, faute d'opportunité en Suisse. Depuis un mois, elle propose la repigmentation mammaire dans son salon "Les jeunes vagabonds", à la Grand-Rue. Ce jour-là, c’est Lilou qui passait sous son aiguille pour redéfinir les formes de ses aréoles. La jeune femme de 22 ans a des cicatrices suite à une réduction des seins survenue il y a quelques années. La séance ne dure qu'une dizaine de minutes.

Instagram @iknowquoi

Avant de passer la porte du salon de tatouage, il y a des précautions à prendre. Le geste doit être réalisé avec l'accord du médecin. "On conseille d'attendre 6 mois à deux ans après l'opération", explique Ainhoa Cid Moreno, auparavant assistante en soins et santé communautaire. "La cicatrice doit être blanche, souple et sans chéloïde pour pouvoir être tatouée."

Pour la patiente, franchir le pas est surtout une façon de se réapproprier son corps. "C'est important pour moi de clore ce chapitre avec une touche artistique, réalisée par une personne en qui j'ai confiance, et pas dans un endroit médicalisé", témoigne Lilou.

Prestation peu reconnue

Le tatouage des aréoles offert par Ainhoa Cid Moreno n'est pas pris en charge par l'assurance de base. En Suisse, la prestation est remboursée seulement si la personne qui fait le tatouage est un fournisseur de soins reconnu par la LAMal.

Une situation qui impacte de nombreuses femmes: 6000 nouveaux cas de cancer du sein sont par exemple diagnostiqués chaque année en Suisse, et les médecins-tatoueurs sont rares dans le pays. Chez les professionnels privés de la dermopigmentation, les tarifs atteignent plusieurs centaines de francs. "A terme, j'espère pouvoir collaborer avec des hôpitaux", souligne la Fribourgeoise, qui propose son expérience fraîchement acquise gratuitement, pour l'instant.

Frapp / RadioFr. - Alexia Nichele / Lauriane Schott
...