"Les hausses successives sont difficiles à accepter"

Le conseiller d'Etat fribourgeois en charge de la santé Philippe Demierre réagit à l'augmentation des primes d'assurance maladie.

Le conseiller d'Etat Philippe Demierre réagit à l'augmentation des primes d'assurance maladie. © KEYSTONE

Bien que Fribourg conserve, avec le Valais, la prime moyenne la plus basse des cantons latins, la nouvelle hausse annoncée ce jeudi risque de peser lourdement sur le budget des ménages fribourgeois. Cette augmentation de 6,9% représente un coût supplémentaire d'un peu plus de 23 francs par mois en moyenne.

"Les hausses successives sont difficiles à accepter pour les personnes concernées et les cantons, qui ont peu de marge de manœuvre pour influencer les primes", réagit sur demande de FNxFrapp Philippe Demierre, conseiller d'État en charge de la Santé. Il souligne également que l'augmentation est largement due à des facteurs échappant à la politique de santé, tels que le vieillissement de la population et l'inflation générale.

Une hausse déphasée

Dans le canton de Fribourg, presque un tiers de la population, soit plus de 90'000 personnes ont recours à la réduction des primes. Pour 2025, cela coûtera 226 millions de francs au canton, précise Philippe Demierre, donc 11 millions de plus qu'en 2024.

Le conseiller d'Etat admet que le système atteint ses limites et qu'une réforme en profondeur du système est nécessaire. Il note par ailleurs que "l'augmentation n'est pas en phase avec les coûts de santé cantonaux, qui ont augmenté de 3,2%, contre 4,6% en moyenne suisse".

"Notre marge de manœuvre est réduite", ajoute Philippe Demierre. "Il y a une certaine frustration, car malgré les efforts du canton, notamment avec le renforcement des soins ambulatoires ou encore le programme cantonal de promotion de la santé et de prévention, les résultats sur les coûts ne sont pas perceptibles. Le cadre légal est insuffisant pour que les cantons puissent piloter efficacement le secteur," déplore-t-il.

Lueur d'espoir?

Alors que faire? Pour Philippe Demierre, le financement uniforme des prestations, sur lequel le peuple devra se positionner en novembre, est une lueur d'espoir. "Le texte lèverait notamment les obstacles à un transfert du stationnaire vers l'ambulatoire qui permettrait de réduire les coûts", estime-t-il.

Mais du côté de la gauche et des syndicats, cette réforme représente au contraire un gros danger. Ils estiment en effet qu'elle donnerait trop de pouvoirs aux caisses maladie, et ne servirait que les intérêts lucratifs des acteurs privés.

FNxFrapp - Mattia Pillonel
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