Les idées pleuvent pour réduire les coûts de la santé
Les cantons appellent à une réforme en profondeur du système de santé suite aux hausses des primes maladie annoncées pour 2025.
Certaines hausses inexpliquées pour le Jura, lutte contre la surmédicalisation voulue par le canton de Vaud, création d'une caisse publique à Genève, hausses des subsides à Neuchâtel. Les cantons latins, à l'instar de Fribourg et du Valais, appellent à une réforme en profondeur du système de santé suite aux hausses de primes maladie annoncées pour 2025.
Le canton du Jura va enregistrer en 2025 la 3e plus forte augmentation moyenne de primes LAMal (+8,9%) à l'échelle nationale. Une progression liée en partie à la structure de la population: selon le ministre de la santé Jacques Gerber, son canton a la proportion de population de plus de 65 ans la plus importante de Suisse. Cet effet structurel représente 40% de la hausse.
Pour le reste, il s'interroge sur l'augmentation annoncée des coûts dans certains domaines comme celui des médicaments et des EMS. "On nous annonce une hausse de 20% dans les EMS alors que le canton avait chiffré 5 à 6%. On n'arrive pas à expliquer cette différence", ajoute Jacques Gerber, qui pointe aussi du doigt les modèles alternatifs.
Si la hausse n'est "que" de 4,6% à Neuchâtel, la prime LAMal de 431 francs y sera la 4e plus chère du pays. "Même si l'augmentation est plus faible qu'ailleurs en Suisse, elle va continuer de péjorer le pouvoir d'achat des ménages", estime Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de la cohésion sociale.
Le canton va maintenir les mesures de soutien prises pour 2023 et 2024 avec une hausse des subsides. Il a prévu une enveloppe pour la réduction individuelle des primes de 151 millions de francs, contre 145 millions en 2024.
Réforme en profondeur
Le Valais appelle à "une réforme en profondeur du système de santé suisse, tant au niveau de sa gouvernance que de son financement". Le canton accuse une hausse de la prime moyenne de 7,8%, certes la moins onéreuse de Suisse romande.
Le Valais prévoit d'augmenter de 12,6 millions à 262,9 millions de francs le montant alloué à la réduction individuelle des primes. Et d'insister "sur la nécessité de mener une réflexion sur le pilotage du système de santé suisse", appelant la Confédération "à prendre rapidement des mesures dans ses champs de compétence.
Pour le canton de Fribourg, "le système a atteint ses limites et la situation appelle une réforme en profondeur du système". En 2025, la prime moyenne fribourgeoise mensuelle toutes catégories d’âge confondues augmentera de 6,9%.
Lutte contre la surmédicalisation
Le canton de Vaud demande aux Chambres fédérales de prendre "urgemment" des mesures pour contenir l'augmentation des primes. En 2025, la prime moyenne mensuelle y atteindra 423 francs (+6,4%). Le dispositif vaudois de subsides - unique en Suisse - limite les charges d'assurance-maladie à maximum 10% du revenu déterminant.
Vaud attend aussi de la Confédération de réduire le prix des médicaments et de lutter contre la surmédicalisation. Sa ministre de la santé Rebecca Ruiz appelle à "analyser la mise en place d'un financement des prestations des personnes très âgées, car l'accroissement des moyens pour faire face au vieillissement ne peut plus se concevoir via le système actuel des primes et des contributions des cantons".
Son homologue genevois Pierre Maudet fixe trois priorités pour agir sur le niveau des primes: la création d'une caisse cantonale publique, le développement des réseaux de soins et l'utilisation généralisée du dossier électronique du patient. Il compte aussi sur la prévention. En 2025, la prime moyenne mensuelle dans le canton de Genève atteindra 477 francs, en hausse de 6,5%.
Le directeur bernois de la santé Pierre Alain Schnegg plaide pour des modèles de soins intégrés. Le modèle d'assurance du Réseau de santé de l'Arc dans le Jura bernois n'a à nouveau pas enregistré de hausse des primes.
Moratoire
Avec une hausse de 10,5%, le Tessin enregistre la plus forte progression de tous les cantons pour les primes moyennes, toutes classes d'âge confondues. Le ministre tessinois de la santé parle d'un "coup très dur" pour la population. Le canton a été le premier à approuver un moratoire sur l'octroi de nouvelles autorisations d'exploitation aux organisations d'aide et de soins à domicile, une mesure visant à endiguer les coûts de la santé.