Les producteurs fribourgeois indignés

Une enquête révèle les marges que se font les géants oranges sur les produits laitiers. La filière fribourgeoise se dit écœurée.

Les producteurs sont payés 78 centimes par litre de lait dans la catégorie A depuis mi-avril. © KEYSTONE

Une enquête du quotidien Le Temps et de Heidi.news parue lundi révèle les marges des géants oranges sur les produits laitiers. La Migros se dégage par exemple une marge de 67% sur une tomme vaudoise. La Coop même 92% sur un yogourt aux myrtilles.

Selon les producteurs fribourgeois, c'est indécent, écœurant. Eux reçoivent environ 70 centimes par kilo, un tarif qui aujourd'hui ne couvre pas leur coût de production. "Le fait de ne jamais communiquer sur des marges, ça permet de garder les gens dans l'ignorance et de les garder plus dociles. Et la grande distribution toute-puissante continue de faire des marges sur le dos des producteurs qui ont toujours plus de peine à vivre", estime Anne Chenevard, présidente de Faireswiss, pour un lait équitable, une coopérative qui garantit une rémunération d'un franc par litre au producteur. Des marges dont le secret a toujours été bien gardé, puisque ces chiffres sont révélés aujourd'hui grâce au darknet. Ils ont été mis en ligne suite au piratage début avril des Laiteries réunies de Genève. Heidi.news et Le Temps ont choisi d'en révéler une partie en raison de l'intérêt public.

Si depuis avril la rémunération du litre de lait a augmenté de 5 centimes, les coûts de production sont aussi en hausse. Les producteurs ne rentrent pas dans leurs frais et survivent grâce aux paiements directs. "Quand on voit les marges de ces produits, on se rend bien compte que le producteur est de nouveau le dindon de la farce", regrette, amer, André Brodard, directeur de la Fédération des sociétés fribourgeoises de laiterie.

Dans le canton de Fribourg, le nombre de producteurs laitiers a diminué de 9% en l’espace de dix ans. En 2021, ils étaient encore 1200 agriculteurs fribourgeois à avoir des vaches laitières. Il faut savoir que 60% de la production cantonale est transformée en fromage AOP, et donc la matière première est mieux rémunérée que si le lait était transformé en yogourt. Ailleurs en Suisse, le nombre de producteurs de lait a diminué de 30% de 2011 à 2021. Beaucoup se découragent car la production se fait à perte.

RadioFr. / Frapp - Karin Baumgartner / ar
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