Les ravages des corbeaux freux et des corneilles dédommagés

Le Conseil d'Etat fribourgeois propose une indemnisation aux agriculteurs. Les députés ont admis une aide mardi.

Les oiseaux détruisent les semis. Un soutien financier pourrait compenser les pertes subies par les agriculteurs. © La Télé

Dans le canton de Fribourg, les corneilles et les corbeaux sont devenus un cauchemar pour de nombreux agriculteurs. Ces oiseaux envahissent les champs au printemps, dévorant les graines fraîchement semées et causant des dommages considérables. À Romont, l'agriculteur Patrick Balmer témoigne de l'ampleur du problème. "Les corbeaux grattent les champs toute la journée. Ils mangent les semences, ouvrent les graines et les consomment. Cela crée des lignes et des zones complètement arrachées, où rien ne pousse après leur passage."

Les pertes engendrées par ces oiseaux sont importantes. La première année, sans recours à des produits répulsifs, jusqu'à la moitié de chaque parcelle de la famille Balmer a été détruite. "Nous avons dû re-semer la moitié de la parcelle, ce qui représente des coûts supplémentaires," explique-t-il. Pour limiter les dégâts, sa famille a investi dans différents dispositifs d'effarouchement.

Pas de solution idéale

Ils ont d'abord dépensé plus de 1500 francs pour un effaroucheur à bruits, mais l'effet n'a été que temporaire. "Le corbeau s'est habitué au bruit. Chaque fois que l'effaroucheur s'enclenchait, les oiseaux n'avaient plus peur," raconte Patrick Balmer. Pour contrer cette inefficacité, ils ont acheté un répulsif à gaz pour 400 francs, qui semble être plus durable. "Grâce à cet appareil, 90 % des cultures sont sauvées, mais les détonations peuvent déranger les habitants proches," admet-il.

Conscient des difficultés rencontrées par les agriculteurs, le Conseil d'État de Fribourg a proposé une indemnisation de 350 francs par hectare pour les parcelles nécessitant un re-semis en raison des corbeaux et des corneilles. Le Grand Conseil a largement soutenu cette initiative. "En l'absence d'un produit répulsif efficace et homologué, aucune mesure de prévention n'est entièrement satisfaisante," justifie le Conseil d'État, qui souhaite modifier l'ordonnance pour introduire cette indemnisation.

Le coût de cette mesure est estimé à 140'000 francs par an. Le Conseil d'État s'inspire de l'expérience du canton de Vaud, qui offre déjà une indemnisation pour les dégâts causés par ces oiseaux. Cette décision pourrait représenter un soulagement pour les agriculteurs fribourgeois, qui, comme Patrick Balmer, n'ont d'autre choix que de prendre des mesures coûteuses pour protéger leurs cultures.

La Télé - Cloé Pichonnat
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