Les recherches continuent en Ethiopie

Les opérations de secours se poursuivent mercredi, 48 heures après un glissement de terrain qui a tué près de 230 personnes dans une zone isolée du sud de l'Ethiopie. Des humanitaires acheminent de l'aide et 14'000 personnes doivent être évacuées urgemment.

Le bilan provisoire est de 229 morts. © KEYSTONE/AP

Le dernier bilan en date, publié mardi après-midi par les autorités de la zone administrative de Gofa, fait état de 229 morts - 148 hommes et 81 femmes. Mais "on s'attend à ce que ce bilan augmente", indiquait mardi soir le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en Ethiopie dans un rapport, sans préciser le nombre de personnes encore portées disparues.

"Le bilan (provisoire) est toujours de 229 morts", a indiqué mercredi à l'AFP une source onusienne à Addis Abeba. "Les opérations de secours continuent et s'intensifient", a poursuivi cette source, alors que les rares images diffusées depuis lundi montraient des habitants creusant à l'aide de simples pelles ou de houes, voire à mains nues, l'épais amas de glaise rougeâtre, pour en extraire des corps.

Senait Solomon, responsable de la communication du gouvernement de l'Etat régional d'Ethiopie du Sud, où est situé la zone touchée, a indiqué à l'AFP qu'un nouveau bilan pourrait être publié plus tard mercredi, ajoutant que huit survivants avaient pu être extraits jusqu'ici. Le nombre de personnes toujours portées disparues n'est pas connu dans l'immédiat.

Evacuation urgente

Selon Firaol Bekele, directeur de la Division Alerte précoce à la Commission éthiopienne de Gestion des risques de catastrophe (EDRMC), les opérations de recherche ont été renforcées par "des drones pilotés par des spécialistes de l'INSA", l'agence éthiopienne de cybersécurité.

"Une équipe multidisciplinaire - réponse d'urgence, santé, hygiène et assainissement, notamment - de diverses agences fédérales est en route vers les zones touchées pour fournir une aide complète aux personnes affectées", a-t-il également expliqué à l'AFP. La catastrophe est survenue dans le kebele (plus petite division administrative) de Kencho Shacha Gozdi, zone rurale et vallonnée à quelque 480 km et une dizaine d'heures de route d'Addis Abeba.

"De l'aide alimentaire et non-alimentaire, fournie par le gouvernement fédéral et les régions voisines est parvenue aux populations touchées", a-t-il ajouté précisant que des "zones sûres ont été identifiées pour héberger les personnes qui se retrouvent sans abri".

Selon des images diffusées mercredi par la télévision officielle de l'Etat régional d'Ethiopie du Sud SRTA, la population a commencé à enterrer ses morts. Des hommes creusent des alignements de tombes, pendant que des femmes pleurent des corps enveloppés dans des linceuls et allongés sur des brancards de fortune, faits de branches.

Les images de la SRTA montrent aussi des membres de la Croix-Rouge éthiopienne en gilet rouge distribuer de l'aide.

Selon la source onusienne, 125 villageois ont été délogés par la catastrophe. Mais quelque 14'000 personnes - dont 5000 femmes enceintes ou allaitantes et 1'300 enfants - vivant alentour doivent désormais "être évacuées rapidement en raison des risques de nouveau glissement de terrain". Une équipe d'évaluation interagences de l'ONU, à laquelle doivent se joindre des ONG humanitaires, est également en route et doit arriver mercredi sur le site.

Transférer la population?

L'évaluation complète pour établir le bilan des morts, des blessés et des destructions n'est pas terminée mais "l'étendue des dégâts est énorme", selon Senait Solomon. Ce glissement de terrain est le plus meurtrier jusqu'ici publiquement signalé en Ethiopie, le deuxième pays le plus peuplé du continent africain (120 millions d'habitants), situé dans la Corne de l'Afrique.

Environ 18% de sa population (21,4 millions de personnes) dépend de l'aide humanitaire et 4,5 millions de personnes sont déplacées par les conflits ou les catastrophes climatiques (sécheresse, inondations...), selon l'ONU. Dans la zone touchée par le glissement de terrain, le sol "n'est pas ferme, donc, quand il y a de fortes pluies, il s'affaisse immédiatement et dégringole vers le bas", a expliqué mercredi à l'AFP un Ethiopien originaire d'un woreda (district) voisin de celui de la catastrophe.

Les habitants "vivent en contrebas des reliefs rendus peu habitables à cause du froid", avait-il ajouté. "Ce n'est pas la première catastrophe de ce type. L'an dernier, plus de 20 personnes ont été tuées. A chaque saison des pluies, des gens meurent à cause des glissements de terrain et des fortes pluies dans cette zone".

"Nous devons trouver une solution pour parer au risque de façon permanente. Cela pourrait inclure de transférer ailleurs la population de la zone, sur la base d'une étude exhaustive", selon M. Firaol. L'Etat régional d'Ethiopie du Sud fait partie des nombreuses zones qui ont été touchées par des inondations en avril et mai en Ethiopie, pendant la "petite" saison des pluies. La "longue" saison des pluies a commencé en juin et doit se poursuivre jusqu'en septembre.

ATS
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