Des pavés inadaptés aux personnes à mobilité réduite
Le réaménagement du quartier du Bourg complique l’accès pour les personnes en situation de handicap. Les autorités ont été interpellées.
Stéphanie Fidanza dépend d’un fauteuil roulant entièrement automatisé. Cette juriste de formation utilise régulièrement les transports publics pour se rendre de son domicile à Belfaux à son lieu de travail à Fribourg. Deux fois par semaine, elle se déplace en train et en bus jusqu’au quartier du Bourg, dans la rue des Chanoines, où se trouve le tribunal de paix du district de la Sarine. Cependant, la dernière centaine de mètres, entre l’arrêt de bus Tilleul et le tribunal, sont particulièrement difficiles. La zone a été repavée dans le cadre de la requalification du quartier du Bourg.
C’était mieux avant, lorsque le trottoir était asphalté et la surface lisse
Nous avons rencontré Stéphanie Fidanza sur place, où elle nous a expliqué le problème. La surface nouvellement recouverte est irrégulière, et son fauteuil roulant peine à avancer sur les pavés. Chaque secousse provoque des douleurs dans son dos. La Fribourgeoise de 45 ans a déjà alerté la ville de Fribourg, maître d’ouvrage des travaux, en mai 2023. Cependant, elle n’a reçu aucune réponse à ce jour.
Fauteuils roulants et cannes blanches entravés
Mais ce ne sont pas seulement les fauteuils roulants automatiques qui rencontrent des difficultés dans cette zone, explique Daniel Savary, président de la Commission d'accessibilité. Les roues des fauteuils roulants manuels, plus petites que celles des modèles automatisés, s’enfoncent dans les joints entre les pavés, souvent trop larges. Cela provoque des arrêts brusques, risquant de faire tomber la personne assise.
Les malvoyants, qui se déplacent avec une canne blanche, rencontrent le même problème: leurs cannes se coincent dans les joints trop larges, et la surface irrégulière complique le repérage du chemin.
Diana Andrea, de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants section Fribourg, explique qu’en 2018, avant le début des travaux, la ville de Fribourg avait invité diverses organisations à une réunion. Un champ d’essai de plusieurs mètres carrés avait été aménagé dans la rue des Epouses voisine pour tester l'accessibilité. Une convention commune avait alors été établie, fixant notamment une largeur maximale des joints à huit millimètres. "Mais dans la réalité, ces joints mesurent aujourd’hui jusqu’à deux centimètres", observe Diana Andrea.
Qui est responsable?
Un autre acteur dans cette affaire est la Direction du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l'environnement (DIME). Elle avait approuvé le projet soumis par la ville le 7 janvier 2020, comme le confirme Guido Balmer, chargé de communication. Et elle validera également le projet une fois les travaux terminés. Interrogé sur les raisons pour lesquelles le Canton n’intervient pas maintenant pour exiger des ajustements, Guido Balmer répond:
"La ville, en tant que maître d’ouvrage, est responsable de l’exécution des travaux conformément aux plans. L’autorité d’approbation, la DIME, n’accompagne généralement pas les travaux des communes. Cependant, elle a informé la commission qu’elle était disponible si celle-ci estimait nécessaire de vérifier un éventuel non-respect des plans approuvés. Jusqu’à présent, la commission a préféré aborder les questions directement avec la ville, sans demander une intervention du Canton."
La ville de Fribourg réagit
Elias Moussa, conseiller communal de Fribourg, répond: "Nous analysons actuellement la situation pour vérifier si les distances respectent les normes établies en 2018. Si ce n’est pas le cas, les entreprises responsables devront effectuer des corrections, à leurs frais." Il explique que la ville s’emploie maintenant à examiner l’ensemble de la zone pavée.
L'élu souligne également les défis techniques: les pavés et leurs joints sont soumis à des variations dues au froid, à la chaleur et à la circulation. Cela nécessite des ajustements après une première pose rapide, méthode choisie pour accélérer les travaux.
De nombreuses questions restent en suspens les corrections seront-elles limitées à certaines zones ou toute la zone sera-t-elle rendue accessible? Quel type de solution sera adopté ? Un éventuel revêtement asphalté autour de la cathédrale pourrait-il être envisagé pour garantir un accès universel? Les entreprises responsables seront-elles réellement tenues de prendre en charge les coûts supplémentaires? Les réponses semblent encore incertaines.