Quand les algorithmes jouent les artistes
Les programmes d'intelligence artificielle sont aujourd'hui capables de produire des œuvres d'art. Eclairage.

Des programmes permettent de créer une image sur la base d’une simple description. Vous les avez peut-être même essayés, sachant qu’ils sont accessibles au grand public pour quelques dizaines de francs par mois.
Grâce à des aides, il est désormais possible de réaliser des œuvres presque dignes d’un Dali ou d’un Van Gogh. Mais rien de magique là-dedans, juste de l’intelligence artificielle. Christian Kauth, ingénieur et chargé de cours à l’Université de Fribourg, donne des précisions sur ce pinceau high-tech.
"Ce sont des algorithmes qui apprennent: on leur donne beaucoup d'exemples et aucune règle. Le but est que l'algorithme trouve lui-même cette règle qui définit ces entrées et sorties que nous lui donnons." Une comparaison avec l'humain peut éclairer la démarche: "plus on gagne en expérience, meilleur on devient. Pour les algorithmes, c'est la même chose", précise Christian Kauth.
Des prétendantes au musée?
Ces oeuvres pourraient même finir accrochées dans le Musée d'art et d'histoire de Fribourg (MAHF), d'après Yvan Mariano. "Avec l'arrivée de la photographie, certaines personnes en avaient très peur, tandis que d'autres ont immédiatement vu les potentialités. Je pense que dans ce cas, c'est exactement ça, comme pour toutes les nouveautés techniques. Il faut leur donner un cadre dans lequel elles peuvent se développer."
L'auteure et illustratrice fribourgeoise de BD Nidonite voit, elle aussi, ces intelligences artificielles comme un moyen de booster la créativité. "Je ne les ai pas encore essayées, mais je compte travailler avec. Si je veux qu'un personnage d'une BD réponde à un certain imaginaire collectif, je vais donner au programme des exemples de ce que je recherche. Il va me générer un résultat basé sur des images trouvées sur internet dont je pourrai m'inspirer."
Valeur et émotion
La valeur marchande des œuvres produites par intelligence artificielle peut parfois atteindre des sommets vertigineux. C'est le cas du portrait d'Edmond de Bellamy, créé par un algorithme sur la base de tout un corpus de tableaux, qui s'est vendu à plus de 400'000 dollars en 2018. Ivan Mariano explique cela par l'attrait de la nouveauté: "Le moment historique de création ou le cheminement d'une œuvre lui confère une certaine valeur dans le marché. Mais je crois beaucoup à la valeur émotionnelle dans un monde qui devient de plus en plus virtuel. Je crois d'ailleurs que la même équipe a réalisé d'autres œuvres, mais ça a déjà perdu de la valeur."
Ecouter l'éclairage complet. Christian Kauth nous explique en préambule, ce qu'est l'intelligence artificielle: