Une entreprise rend la garde des enfants plus souple à Bulle

Horaires étendus et réservation en ligne: Madame Garderie, une nouvelle structure d'accueil pour enfants à Bulle, mise au maximum sur la flexibilité.

Directrice d'un hôtel-restaurant, Julia Galley a dû faire des pieds et des mains pour faire garder ses filles. © Frapp

Faire garder son enfant en quelques clics et à n'importe quel moment de la journée: c'est la promesse de Madame Garderie. Cette structure innovante à Bulle permet aux parents de déposer leur enfant toutes les 30 minutes, pour une durée allant jusqu'à 4h, grâce à un système de réservation sur une application pour téléphone. Depuis son ouverture, le 1er octobre dernier, environ 300 personnes se sont créé un compte.

Ce système, c'est la "baguette magique" dont rêvait Julia Galley, la fondatrice de l'entreprise, lorsqu'elle a elle-même eu ses deux filles. Directrice de l’hôtel-restaurant de la Croix-blanche à Posieux, l'entrepreneuse connaît bien les horaires décalés et a souvent eu des difficultés à trouver quelqu'un pour garder ses enfants pendant son temps de travail. Heureusement pour elle, plusieurs de ses amies partageaient le même problème. "On s'arrangeait pour ne pas avoir de jours de congé en même temps, pour pouvoir se soutenir et garder les enfants des autres", raconte la cheffe d'entreprise.

Parents, belle-soeur, copines: tous mettent la main à la pâte pour assurer l'encadrement des enfants, quand bien même beaucoup d'entre eux travaillent aussi dans des métiers avec des horaires exigeants. "Si l'on ne se serre par les coudes, il n'est plus possible de travailler à 100% sans un système de garde qui permet cette flexibilité", déplore Julia Galley.

L'une des missions qu'elle s'est donné avec Madame Garderie est de proposer des horaires étendus, de 7h à 19h la semaine et de 8h à 17h30 le samedi, pour accommoder les parents avec des heures de travail variables.

Un défi générationnel

Elle constate par ailleurs de vraies difficultés chez les mères de son âge pour combiner une carrière et une vie de famille. Les parents sont sous pression pour performer au travail et les grands-parents sont beaucoup moins disponibles pour prendre en charge les nouveaux-nés.

"La génération des parents des trentenaires d'aujourd'hui travaille encore, pour la plupart", explique Julia Galley, "et ceux qui ne travaillent pas à plein temps ne sont pas pour autant d'accord de garder les petits-enfants trois jours fixes par semaine. Et surtout, ce n'est pas leur rôle. En étant parents, on devrait pouvoir gérer la garde de nos enfants."

Changer les mentalités dans le monde du travail

Mais Madame Garderie ne s'adresse pas qu'aux particuliers. Dès le début du projet, Julia Galley démarche les entreprises pour leur proposer de fournir des services de garderie à leurs employés. "L'objectif est de changer les mentalités. Les entrepreneurs doivent se rendre compte que les gens qui travaillent aujourd'hui veulent une qualité de vie et une sérénité d'esprit avant d'avoir 300 francs d'augmentation par mois. Notre système est un vrai argument d'attractivité pour les entreprises."

Au total, cinq employeurs de la région bulloise, dont la Mobilière, ont souscrit à un abonnement annuel chez Madame Garderie. Ce forfait leur permet de distribuer des heures de garde à leurs collaborateurs et de palier aux urgences selon le besoin.

Les questionnements sur l'équilibre entre travail et famille et sur la charge mentale des parents sont pris à cœur dans certains domaines. "Si vous allez dans un domaine comme les soins", commente Julia Galley, "tout le monde comprend ces enjeux de santé mentale." Mais dans d'autres milieux professionnels, comme la construction, les mentalités ne sont pas encore en phase avec ces problématiques. "On a encore jamais vu un papa descendre de sa grue pour aller chercher son enfant le matin parce que la nounou n'est pas venue travailler!" remarque la directrice de Madame Garderie.

Frapp - Simon Gumy
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