"Le Conseil fédéral, ça ne fait plus tellement envie"
La conseillère nationale du Centre Marie-France Roth Pasquier revient sur la succession de Viola Amherd et sur son éventuelle candidature à la présidence du parti.
Radio Fribourg: Devenir conseillère fédérale en 2025, c'est quelque chose qui pourrait vous tenter?
Marie-France Roth Pasquier: Je n'ai jamais rêvé de ça, personnellement. On a lu beaucoup de choses dans la presse ces derniers jours, avant même qu'on puisse mettre en place notre commission pour la recherche de nouveaux candidats pour ce poste-là. On doit calmer les choses. On a mis en place une commission d'audition, parce que les candidats vont maintenant se présenter à nous, et on va essayer de choisir le meilleur ticket pour remplacer Viola Amherd.
Concernant les candidats, on a évoqué certains favoris qui ont renoncé, Isabelle Chassot, Gerhard Pfister, Martin Candinas. Comment expliquer que ces personnes n'y aillent pas?
Parmi ces personnes, il y a des personnalités qui sont éminemment compétentes, qui pourraient d'ailleurs très bien reprendre, à mon avis, ce poste. Conseiller fédéral, c'est un poste qui ne fait plus tellement envie, contrairement à ce qu'on lit parfois dans la presse. Le Conseil fédéral s'est fortement polarisé, ce qui n'était pas le cas par le passé. Vous avez un bloc de quatre personnes à droite qui prend les décisions. Au centre, ça devient difficile de faire de la politique, parce qu'on peut être là pour construire des ponts, mais quand on a systématiquement un front à droite, c'est difficile. Il faut aussi dire que le département qui est maintenant libre, l'armée, n'est pas le département le plus envié. Tous les conseillers fédéraux qui sont passés par là ne sont pas restés très longtemps. Madame Amherd est la seule qui y est restée deux législatures, et pour ça on peut déjà la remercier. Madame Chassot a formulé qu'elle n'avait pas envie de ce poste et qu'elle veut faire de la politique, et la politique elle se fait au Parlement [...]
Au Parlement, quelques voix s'élèvent aussi. Par exemple Damien Cottier, conseiller national Neuchâtel PLR, qui a écrit sur les réseaux sociaux: "Quand on revendique deux sièges au Conseil fédéral, comme le fait Le Centre, et qu'on ne trouve personne pour occuper le premier, alors bon courage." Comment vous réagissez à ce genre de propos?
Ce sont typiquement des propos très politiques, venant du PLR, je ne suis pas étonnée, parce qu'ils ont peut-être peur qu'on attaque leur deuxième siège. Il dit qu'on ne trouve pas quelqu'un, alors qu'on n'a même pas encore commencé le travail. La commission est en place maintenant. Elle a mis un délai pour les candidatures, et puis dès qu'on aura les candidatures sur la table, on pourra les analyser, ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de candidats. Plusieurs conseillers et conseillères d'Etat pourraient être intéressés par ce poste.
Selon vous, quel est le profil idéal pour remplacer Viola Amherd?
Les profils sont très différents au Conseil fédéral. A priori, une expérience dans l'exécutif d'un canton ou d'une commune et une expérience fédérale au niveau du Parlement, c'est une très bonne chose.
Le Centre n'est pas seulement à la recherche d'un remplaçant pour Viola Amherd, elle doit aussi se trouver un président depuis la démission Gerhard Pfister. Vous avez dit que c'est une chose à laquelle vous alliez réfléchir. Est-ce que vous êtes candidate?
Pour le moment, je ne peux pas vous dire que je suis candidate, mais je ne ferme pas la porte. Nous sommes en train de mettre en place une autre commission, celle-ci pour rechercher des candidats pour la présidence. On n'a pas tout à fait fini le travail parce qu'on a été un petit peu stoppé dans notre élan par la démission de Madame Amherd.
Concernant cette éventuelle candidature, ça nécessitera aussi peut-être de laisser d'autres mandats, notamment conseillère communale à la ville de Bulle, c'est quelque chose qui vient dans la balance?
Si je me porte candidate, et c'est pour cette raison que je ne me suis pas encore portée candidate, il faut que j'envisage peut-être ma vie un peu autrement, parce qu'avec mes deux mandats, fédéral et communal, c'est vrai que ça fait beaucoup. Je ne pourrais pas assumer une présidence en plus.
La ville de Bulle a connu une période de turbulences, avec une enquête. On pourrait penser que vous aimeriez partir. Vous êtes vraiment attachée à cette ville de Bulle et à ce poste?
Je pense que la pire chose à faire, c'est de partir quand ça ne va pas bien. Je n'ai pas pour habitude de partir au premier revers. Je tiens mon mandat communal, je ne peux pas encore vous dire si je me représenterai à la prochaine élection, mais pour le moment, je pense qu'on doit être aussi solidaires dans ces moments-là. On a toujours montré beaucoup de cohésion au niveau du Conseil communal, dans sa présente composition, pas par le passé peut-être, quand on a eu certains soucis.
Le Conseil d'Etat, c'est quelque chose que vous envisagez?
Les prochaines élections sont en 2026, je n'ai pas encore pris de décision à ce sujet-là, d'ailleurs, on n'a pas encore commencé les discussions à ce niveau-là.
De quoi la ville de Bulle a besoin pour retrouver un peu de sérénité, notamment au sein de son exécutif?
Nous sommes très solidaires. Nous fonctionnons très bien depuis la démission de la personne qui avait initié les problèmes que l'on a eus. La commune de Bulle fonctionne bien, on continuera de prendre des décisions en faveur de nos citoyens. L'ambiance au Conseil communal est très bonne.
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