Master en médecine: pas de garantie pour les Fribourgeois
Les Fribourgeois ne sont plus avantagés pour le Master en médecine à l'UniFR. Selon La Télé, sept étudiants seront envoyés ailleurs en 2025.
C'est l'incompréhension pour les étudiants fribourgeois en médecine. Début octobre, alors qu'ils étaient en plein cours, les classes de 3e année de Bachelor reçoivent un mail pour l'attribution du Master. Sept étudiants fribourgeois n'en croient alors pas leurs yeux: ils ne sont pas acceptés pour continuer leur cursus à l'UniFR. Ils devront continuer à Bâle ou Zurich.
Depuis la création du Master en médecine en 2019, les étudiants fribourgeois ayant réussi leur Bachelor étaient assurés de poursuivre ce cursus de plus en plus prisé. En effet, lorsque l'Université de Fribourg attribuait la quarantaine de places, elle se basait sur sa directive interne dont le premier critère était celui du domicile fiscal des parents: "les étudiants domiciliés dans le canton de l'Université de leur premier choix obtiennent une place d'études dans cette université."
Ce critère, qui devait limiter la fuite des cerveaux fribourgeois et combler la pénurie de médecin dans le canton, a été pris en compte pour les six premières volées. Mais l'été dernier, une personne a contacté l'Etat de Fribourg, pointant du doigt une contradiction juridique dans la procédure de sélection; l'ordonnance cantonale, qui régit la directive universitaire, ne fait jamais mention du critère de domicile. Le canton a donc remis à l'ordre l'institution académique, demandant de se baser sur les notes et non plus sur le domicile. Conséquence : sept étudiants fribourgeois en fin de Bachelor ont appris par mail qu'ils devront poursuivre leur cursus à Bâle ou Zurich l'année prochaine.
"Je me serais battue pour ma place"
Sous couvert d’anonymat, deux d’entre eux nous témoignent leur incompréhension:
"Si on avait eu connaissance de ce changement il y a une année, je me serais battue pour ma place." Cette étudiante en dernière année de Bachelor ressent de l'injustice face à la décision qui lui est tombée dessus il y a une dizaine de jours. Selon elle, le critère du domicile permettait aux Fribourgeois d'être plus solidaires entre eux, et donc moins compétitifs, durant leurs années de Bachelor. "J'ai le sentiment qu'on n'a pas eu la même possibilité de prouver ce que l'on valait", déplore-t-elle.
Son camarade de classe se sent impuissant face à cette situation. "Je vais faire recours contre cette décision, mais c'est un processus complexe. Je n'ai pas beaucoup d'espoirs que cela change quoi que ce soit pour mon cas, mais cela pourrait bouger pour les prochaines volées."
Pour ces deux étudiants, il est dur de s'imaginer à Bâle ou Zurich l'année prochaine. "C'est déjà compliqué de s'en sortir financièrement à Fribourg, alors que j'ai un travail étudiant ici et que je n'ai pas de loyer à payer. Si je pars dans un autre canton, les frais universitaires seront plus élevés et je devrais dépenser davantage pour vivre sur place", confie l'un d'entre eux.
Pour la seconde, la langue est le plus grand challenge. "Nous avons un niveau d'allemand suffisant pour suivre les cours de Bachelor, mais je sais que je ne suis pas capable d'écrire tout un travail de fin d'études, ni de pratiquer sur le terrain dans cette langue." L'Université de Fribourg n'a pas de partenariat avec celles de Lausanne et Genève, mais seulement avec des institutions alémaniques et du Tessin.
Soutien des médecins fribourgeois
Les étudiants concernés sont soutenus par MedAlumni, l'Association des anciens étudiants et étudiantes en médecine, mais également par la Faculté des sciences et de médecine elle-même, qui leur conseillent de faire recours à la décision. Pour Raphaël Bonvin, Professeur en pédagogie médicale et responsable du fonctionnement du Master en médecine, la priorisation des étudiants fribourgeois n'est pas à remettre en doute puisque c'est pour garder ces étudiants-ci que le master a été créé il y a plusieurs années.
Voir la réaction de Raphaël Bonvin:
C'est un problème à court terme pour ces sept étudiants de dernière année de Bachelor, mais aussi un flou à long terme pour les futures volées. Le dossier prend une tournure politique. Il n'y a que le Grand Conseil qui puisse modifier la Loi sur l'Université, qui régit l'ordonnance cantonale.
Une vingtaine d'étudiants fribourgeois de deuxième année de Bachelor ont signé une pétition demandant de clarifier la situation. Elle a été envoyée la semaine dernière au Conseil d'Etat. La DFAC, la direction de la formation, nous a confirmé qu'une réponse leur sera rendue avant la fin de l'année.