Maurice Ottiger, 500 luths avec passion
L'artisan des Paccots dévoile son 500e instrument, une étape marquante de ses 50 ans de carrière. Rencontre.
Avec une passion intacte et une précision redoutable, Maurice Ottiger, 73 ans, vient de fabriquer le numéro 500 de ses luths. Une série de concerts aura lieu les 5 et 6 avril à Châtel-St-Denis pour célébrer le demi-siècle de carrière du luthier. "Je n'avais absolument aucune intention de marquer le coup, mais finalement, c'est devenu une fête assez conséquente!", sourit-il.
Rencontré dans son atelier, l'artisan apprécie toujours autant ces moments solitaires et méditatifs. "Il est extrêmement satisfaisant de partir de simples planches brutes pour aboutir à un instrument prêt à jouer. C'est une chance rare dans notre société actuelle." Chaque année, il réalise entre 6 et 8 instruments, principalement destinés à une clientèle internationale. La demande provient de Paris, Stuttgart, Séoul ou encore Nagoya.
Lorsqu'on lui demande s'il joue de ses créations, il répond avec modestie : "Non, c'est beaucoup trop difficile, et mes mains sont fatiguées après une journée passée avec rabots et papiers abrasifs". Bien sûr, le travail est manuel. Parmi les étapes les plus délicates, on retrouve la confection de la rosace — ce dessin que le natif de Vevey esquisse minutieusement à la main, avec un canif. Le choix du bois est soigné: généralement de l'épicéa pour le dessus, de l'érable ou de l'if pour la caisse.
Une passion depuis l'adolescence
Depuis ses 16 ans, Maurice Ottiger a l'envie de fabriquer des instruments de musique. Initialement attiré par la création de guitares, c'est finalement dans l'art ancestral de la fabrication des luths qu'il trouve sa voie. Son père, violoniste amateur, ainsi que les outils et l'établi présents dans son enfance, ont cultivé en lui cette envie.
Après un détour inattendu dans une usine de mécanique générale à Lausanne, Maurice Ottiger intègre un petit atelier de fabrication de guitares à Bâle. C'est là qu'il découvre, grâce à un livre, un atelier situé à Vevey, où il rencontre un luthier sud-africain. Pendant 7 ans, parfois seul dans un minuscule appartement transformé en atelier, il apprend les subtilités de l'art du luth historique.
Quant à l'avenir, Maurice Ottiger l'envisage tranquillement. "Ça dépendra surtout de la santé." Et d'ajouter qu'il considère également la demande des clients comme un facteur déterminant de son avenir professionnel. "Peut-être que peu à peu, j’aurai moins de commandes. Ce sera peut-être le signe du destin."