Olivier Curty: "Le Conseil d'Etat a tiré les leçons"

Le conseiller d'Etat fribourgeois a essuyé de nombreuses critiques jeudi au Grand Conseil sur la gestion de la planification éolienne. Interview.

De son point de vue, le Conseil d'Etat a pris ses responsabilités, avec des mesures fortes pour accompagner la planification éolienne. © La Télé

Radio Fribourg: Les critiques à votre encontre ont été vives ce jeudi au Grand Conseil, suivant le rapport sur la gestion de la planification éolienne dans le canton. Que retenez-vous de ce débat?

Olivier Curty: C'est un bon débat. Je pense qu'on a pu calmer un peu les esprits. On a clairement pu démontrer qu'on a tourné la page. Un comité de pilotage (COPIL) a été mis en place, pour réexaminer la planification actuelle. Donc, Le débat était nécessaire. J'espère qu'on peut aller de l'avant maintenant ensemble.

Certains députés vous demandent de reconnaître une fois pour toutes que des erreurs ont été faites. Pourriez-vous le faire?

Le Conseil d'État l'a déjà fait, il a tiré les leçons. Il a clairement dit que les procédures n'étaient pas nécessairement à jour. On a aussi dit qu'au niveau de la gouvernance, on aurait dû faire mieux. Ce qui est important maintenant, c'est qu'on puisse aller de l'avant pour regagner la confiance de la population.

L'un des reproches porte sur le caviardage (ndlr: 700 occurrences) du rapport de l'IDHEAP et sur la rétention de ce rapport pendant près d'une année. Pourquoi ne pas l'avoir transmis plus tôt?

Je trouve que ces reproches ne sont pas justifiés. Par rapport au caviardage, on est soumis à la loi sur la protection de données, qui protège heureusement nos collaborateurs et nos collaboratrices. On a dû demander à chaque entreprise si elle était d'accord que son nom soit diffusé. La plupart des entreprises étaient d'accord, deux ne l'étaient pas. Ça a pris un certain temps, évidemment. 

Où en êtes-vous au niveau des mâts de mesure?

Le Grand Conseil nous a donné le mandat de mesures de vent dans les sept sites qui étaient retenus au plan directeur cantonal. Plusieurs conventions ont été signées avec des propriétaires de terrain. Début 2025, on va mettre en place le premier mât de mesure. Évidemment, on va préalablement informer aussi les communes. Là aussi, on est accompagné par une commission parlementaire. Je suis plutôt confiant pour la suite.

Une fois que ces mâts sont posés, qu'est-ce qu'il se passera?

Il faut au moins les laisser sur place une année entière. Ce sera un processus transparent parce qu'on aura un site Internet dédié qui va mesurer la vitesse de vent chaque 10 minutes. Ces données seront interprétées. Les données sont à disposition du COPIL éolien qui est en train de réexaminer la planification éolienne. 

Pouvez-vous nous dire où ces mâts seront posés?

Je ne peux pas le dire à ce stade, car il y a plusieurs critères. D'abord, signer une convention avec le propriétaire, la disponibilité du matériel et les bonnes conditions climatiques [...] Il y aura certainement un site sur le Schwyberg, le massif du Gibloux, et la côte du Glâney. 

Craignez-vous des actes de vandalisme sur ces mâts de mesure?

Je pense que les Fribourgeois et les Fribourgeois sont raisonnables. Ces mâts de mesure ne font pas de mal. Ils ne signifient pas qu'il y aura un parc éolien dans ce périmètre-là. C'était une demande du Grand Conseil, voté à 90 voix contre 6. Le signal était très fort. Cela nous permettra par la suite d'avoir un débat encore plus objectif. 

Est-ce que les mesures mises en place - ce COPIL, une commission ad hoc - sont suffisantes pour regagner la confiance des habitants par rapport au dossier éolien?

On l'espère, parce que les mesures qui ont été mises en place sont plutôt massives. Un COPIL éolien avec 5 députés sur 15 membres, avec des experts indépendants qui copilotaient par deux directions, c'est relativement fort. On n'avait pas ça la première fois. En plus, on a une commission ad hoc, aussi parlementaire, qui accompagne la mise en œuvre d'un mandat qui a été voté aussi par le Grand Conseil. On ne peut pas faire beaucoup plus.

Le COPIL s'est déjà réuni plusieurs fois. Est-ce que ça se passe bien?

Le Conseil d'État a beaucoup débattu, en intégrant les opposants à l'énergie éolienne. On a deux membres de Paysage Libre, mais c'était une volonté du Conseil d'État de les inclure aussi. Après, ça prendra un certain temps, parce qu'on veut faire les choses comme il faut. Mais comme il y a déjà eu trois réunions, je pense qu'on va avancer maintenant relativement rapidement.

La Télé / RadioFr. - Vincent Dousse / Cloé Pichonnat
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