"On ne veut pas prendre congé, on veut faire la grève!"

Le collectif Grève féministe Fribourg a présenté ce lundi en conférence de presse ses revendications en vue du 14 juin.

La grève est menée par le collectif de Fribourg mais aussi par le SSP, Unia et des étudiantes de l'Université de Fribourg. © Frapp

Avec un féminicide toutes les deux semaines en Suisse, un congé paternité de dix jours et la réforme AVS21 votée en septembre dernier, les grévistes savent contre quoi elles luttent. Mercredi 14 juin à Fribourg, la mobilisation commencera à 13h33 à la place Georges-Python, rebaptisée Georgette-Pythone pour l'occasion. Pourquoi 13h33? Parce que si l'on calcule ce que les femmes gagnent en moyenne par rapport aux hommes, c'est à cette heure-ci qu'elles devraient s'arrêter de travailler, si l'on souhaitait être égalitaire.

Durant l'après-midi, la place vibrera au rythme des prises de paroles, stands, musiques et animations qui y seront organisés. Un service de garderie sera également mis en place pour permettre au plus grand nombre d'être présents. A 18h, le cortège partira de la place Georgette-Pythone et passera notamment par le Boulevard de Pérolles avant de revenir à son point de départ.

Une bataille en dix points

Le collectif de la grève souhaite porter dix revendications, parmi lesquelles:

  • La réduction généralisée du temps de travail et un même salaire pour travail de valeur égale
  • Des mesures systématiques de lutte à l'échelle nationale contre les violences sexistes et sexuelles
  • Un congé parental d'au moins un an par personne et par enfant

Toutes les revendications sont le fruit d'un travail de discussion ayant commencé à l'automne dernier durant lequel les collectifs de la grève féministe de différents cantons ont pu mettre leurs réclamations en commun. Les dix voeux de changements ont été choisis à l'issue d'un vote général.

"Faire trembler les murs du vieux monde"

Que cela soit au niveau des inégalités salariales ou des violences domestiques, force est de constater que la situation n'a pas évolué vers le mieux à tous les niveaux en Suisse.

Réclamer une dizaine de changements drastiques au lieu de se concentrer sur une seule revendication forte, est-ce une erreur stratégique? Marie Spang, membre du collectif Grève féministe Fribourg, reste droite dans ses bottes. "Le patriarcat est quelque chose qui nous affecte à tous les moments de notre vie, dans tous les milieux dans lesquels on évolue."

Un droit de grève pas toujours acquis

Dans chaque domaine de travail, obtenir le droit de grève requiert différentes mesures. Pour l'heure, rien ne garantit que le personnel de l'Etat de Fribourg sera autorisé à faire grève le 14 juin. Un processus de conciliation confrontant le SSP (le Syndicat des services publics) de Fribourg et le Conseil d'Etat est déjà en cours. Un juge tranchera dans les prochaines semaines.

"Pour les personnes qui souhaitent venir, il sera toujours évidemment possible de poser un congé ce jour-là", explique Catherine Friedli, secrétaire syndicale au SSP. "Mais nous ne voulons pas prendre congé, nous voulons faire la grève! Et que nos revendications soient reconnues comme un motif valable pour la faire." De son côté, le Conseil d'Etat refuse toujours de négocier ou de prendre position par rapport à ces réclamations.

Pas d'examen le 14 juin

Depuis 2019, la grève féministe a su trouver sa place dans le monde académique. A l'Université de Fribourg, un groupe de travail mené par divers étudiants oeuvre depuis le mois de novembre pour organiser cette journée au mieux. Tâche peu facile car pour les étudiants, mois de juin rime avec session d'examens.

C'est après plusieurs discussions avec le rectorat et un grand nombre d'échanges de mails que les étudiants ont réussi à obtenir ce qu'ils voulaient: aucun test n'aura lieu le 14 juin. A la place, divers stands, activités et prises de parole auront lieu au sein de l'établissement tout au long de la journée.

En 2019, quelque 500'000 personnes avaient participé à la grève féministe du 14 juin. C'était la plus grande mobilisation du pays depuis la grève générale de 1918. A Fribourg, 12'000 personnes étaient descendues dans la rue et le collectif compte bien renouer avec ces chiffres.

Frapp - Dimitri Faravel
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