L'avocat de la partie plaignante critique l'enquête

Le procès des six policiers accusés d'être impliqués dans la mort de Mike Ben Peter, lors d'une interpellation musclée en 2018 à Lausanne, s'est ouvert lundi matin. L'avocat de la famille de la victime a notamment remis en cause l'enquête du Ministère public.

L'avocat Simon Ntah et la veuve de Mike Ben Peter arrivent lundi matin au tribunal. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

En ouverture de ce procès très attendu, suivi par environ 80 personnes dans la salle d'audience cantonale de Renens, Simon Ntah a critiqué le travail du Parquet. Il a estimé que son enquête n'était "pas sérieuse", qu'il avait pris "des conclusions hâtives".

Me Ntah a notamment dénoncé, selon lui, une enquête de voisinage bâclée, une possible collusion entre les policiers ou encore des expertises insuffisantes pour déterminer les causes exactes de la mort de Mike Ben Peter.

Dans ses réquisitions d'entrée de cause, Me Ntah a demandé de nouvelles auditions de certains témoins et de médecins-légistes.

Me Ntah a aussi soumis aux juges "une aggravation de l'accusation". Alors que le Ministère public a retenu l'homicide par négligence, l'avocat souhaite que la Cour examine aussi la qualification juridique d'homicide par dol éventuel. A savoir : les policiers auraient été conscients qu'ils prenaient un risque et ils s'en seraient accommodés.

Et notamment en pratiquant un plaquage ventral, une position controversée, dont les policiers "savaient" qu'elle était "dangereuse", a dit Me Ntah. "Parler d'accident dans cette affaire est une insulte à l'intelligence", a-t-il affirmé.

"Tribune publique"

Les avocats des policiers se sont étonnés que Me Ntah ait autant attendu pour faire ces différentes réquisitions. A leurs yeux, les propos préliminaires de Me Ntah sont avant tout "stratégiques". Ils visent, selon eux, à "induire les juges en erreur" et à s'offrir "une tribune publique", le procès étant suivi par de nombreux journalistes.

De son côté, le procureur Laurent Maye a critiqué "un procès d'intention" fait à la police et au Ministère public.

Expertises fouillées

Tant le procureur que les avocats ont estimé qu'une nouvelle audition de témoins, déjà interrogés à l'époque, n'était pas "probante" cinq ans après les faits. Quant aux deux expertises médicales figurant au dossier, leurs 140 pages sont suffisamment "fouillées".

Des expertises qui montrent "de manière incontestable" que l'intervention des policiers n'est pas à l'origine de la mort de Mike Ben Peter, a affirmé Me Jean-Emmanuel Rossel, qui défend l'un des prévenus. Son confrère Christian Favre a ajouté que les policiers avaient "fait leur travail et rien d'autre".

Pour mémoire, les avocats de la défense ont d'ores et déjà annoncé qu'ils plaideront l'acquittement, au motif que les agents ont réagi de façon proportionnée face à une opposition virulente de la victime.

Trois jours d'audience

Selon l'acte d'accusation, Mike Ben Peter s'était débattu lors d'un contrôle antidrogue. Pour contenir le Nigérian de 39 ans, les policiers l'avaient frappé et usé d'un spray au poivre, avant de l'immobiliser sur le ventre avec un plaquage ventral et de le menotter. Il était décédé d'un arrêt cardiaque.

Le procès se poursuit lundi après-midi avec les auditions des policiers. Des témoins seront entendus mardi, tandis que les plaidoiries sont programmées mercredi. Le jugement devrait être connu la semaine prochaine, mercredi 21 juin.

ATS
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