Quand les semelles de chaussons polluent l’air des grimpeurs
Une étude révèle que les chaussons libèrent des particules polluantes. La salle de Fribourg adapte ses pratiques pour mieux protéger sa clientèle.
Pas de smog visible dans les salles d'escalade, pourtant y respirer reviendrait, selon une étude récente, à se tenir au bord d'une route. Cette pollution est due aux chaussons d’escalade, dont les semelles contiennent du caoutchouc, à l’instar des pneus de voiture, et libèrent des particules potentiellement nocives pour la santé humaine.
Thibaut Masset est chercheur à l'EPFL et lui aussi grimpeur. C'est en s'interrogeant sur la similitude entre le caoutchouc des semelles de grimpe et des pneus de voiture, que le scientifique a entamé ses recherches. En collaboration avec l'Université de Vienne, il a constaté la présence de particules fines dans l'air, liées au frottement des chaussons sur les murs d’escalade.
Mais avec quelles conséquences pour la santé des grimpeurs et surtout des employés des salles qui en respirent les particules fines ? Pour le moment, pas de réponse précise.
Les spécialistes de l’EPFL souhaitent lancer une nouvelle étude en collaboration avec des experts en toxicologie, afin de mieux comprendre les risques associés aux particules. Selon Myriam Borgatta, toxicologue et responsable de recherche à Unisanté, il s'agit notamment de comprendre si ces substances peuvent être absorbées, si elles traversent la peau, si les additifs contenus dans le caoutchouc et inhalés peuvent migrés dans un liquide pulmonaire ou passer dans le sang. Il y a donc encore énormément d'inconnues.
En attendant, les responsables de salles ont pris conscience du problème, comme le confirme Samuel Wyler, lui-même responsable d'une salle: "C'est vrai que les résultats de l'étude nous ont interpellés. On était déjà sensibles à la pollution générée par la magnésie, mais les polluants présents dans les semelles de chaussons nous ont surpris."
À la salle de Fribourg, le personnel s’adapte déjà. L’employé de l’accueil ouvre désormais les fenêtres dès son arrivée pour aérer la pièce, toujours selon Samuel Wyler. Un protocole de nettoyage quotidien est également en place, avec aspiration régulière des tapis. Depuis trois ans, des filtres purifiant l’air en continu ont aussi été installés. A la base pour évacuer les résidus de magnésie, mais désormais aussi utiles à l'élimination des particules générées par les chaussures de grimpe
Une bonne ventilation des espaces, c'est déjà un point positif souligne Thibaut Masset. Dans l'idéal il faudrait aussi séparer salle d'escalade et espaces de restauration ou administratifs. Pour éviter aux salariés de respirer l'air pollué 8 heures par jour.