Procès d'un pilote de la Patrouille suisse

Le procès du pilote de la Patrouille suisse dont l'avion est entré en collision avec un autre appareil lors d'un vol d'entraînement aux Pays-Bas en 2016 a repris lundi à Aarau. Plusieurs audiences sont prévues.

Deux personnes examinent des débris d'un Tiger F-5 de la Patrouille suisse qui s'est écrasé aux Pays-Bas en août 2016 après une collision avec un autre F-5 lors d'un vol d'entraînement (archives). © KEYSTONE/EPA ANP/ANTON KAPPERS

Le pilote âgé de 37 ans comparaît devant le tribunal militaire 2. Il est accusé d'utilisation abusive et de dilapidation par négligence du matériel, d'entrave à la circulation publique par négligence et d'inobservation répétée des prescriptions de service par négligence.

Le pilote, membre de la Patrouille suisse depuis 2015, a déclaré à l'audience à plusieurs reprises qu'il n'arrive toujours pas à s'expliquer ce qui s'est passé. Lors du vol d'entraînement, il s'agissait d'une manoeuvre standard. "Nous savons que nous faisons un travail dangereux", a-t-il ajouté.

Au moment de l'accident, le pilote originaire de Suisse orientale n'en était qu'à sa deuxième saison de vol au sein de la formation. Il était le membre le plus récent du groupe et ne pilotait l'avion de combat Tiger F-5 que depuis deux ans.

Pas sous pression

"Je ne me sentais pas sous pression", a encore déclaré le pilote. Ce qui compte dans l'équipe, c'est la confiance, a-t-il expliqué. "On grandit ensemble". Il a le grade de capitaine et travaille à 60 % au sein des Forces aériennes et à 40 % au sein de la Patrouille suisse. Aucun des rapports d'expertise présentés ne peut apparemment dire exactement pourquoi la collision s'est produite.

L'auditeur de l'armée reproche au pilote dont l'avion s'est crashé d'avoir enfreint à ses devoirs de diligence lors de ses manoeuvres de rapprochement et d'avoir ainsi provoqué la collision. L'enquête n'a révélé aucun comportement fautif du second pilote impliqué dans la collision.

L'accident s'est produit le 9 juin 2016 lors d'un vol d'entraînement de la Patrouille suisse en vue d'un show aérien à Leeuwarden (Pays-Bas). Au cours du vol en formation, le pilote incriminé a constaté qu'il volait trop bas. Pour corriger, il a entamé une manoeuvre dite de survol au cours de laquelle il a voulu croiser deux fois par le bas un deuxième Tiger F-5 de la formation.

Rapprochement incontrôlé

Ce faisant, il a brièvement perdu de vue le deuxième appareil. Il s'en est suivi un rapprochement incontrôlé et une collision. L'avion endommagé du prévenu n'était plus contrôlable. Le pilote a actionné son siège éjectable et l'appareil s'est écrasé dans un étang juste à côté d'une ferme, à environ six kilomètres de l'aérodrome militaire.

Le pilote a atterri avec son parachute dans une serre non loin du crash. Le pilote du deuxième Tiger F-5 a pu faire atterrir son appareil sur la base aérienne de Leeuwarden, malgré les dommages subis. Il s'agissait du premier accident grave de la Patrouille suisse en 52 ans d'existence.

Le procès avait débuté en novembre 2021 à St-Gall. Après de brefs débats, le procès a été reporté. Le tribunal a en effet décidé de ne pas admettre l'avocat de la défense. Le pilote avait changé d'avocat une semaine avant le début du procès. Cet avocat étant un conseiller juridique des Forces aériennes, l'auditeur estimait qu'il existait de ce fait un risque de conflit d'intérêt.

ATS
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