Écrans: les élèves se penchent sur leur sommeil

Au Cycle d’orientation de la Glâne, 98 % des élèves possèdent déjà un téléphone portable, et la moitié d'entre eux l'ont reçu avant l'âge de 12 ans. Conscients de l’omniprésence de cet outil dans le quotidien des jeunes, les enseignants et enseignantes ont lancé un projet pédagogique sur toute l'année scolaire, afin d'étudier son influence sur le sommeil des adolescents.

Des chiffres révélateurs

Cette thématique a émergé à la suite d’une enquête menée chez les élèves au printemps 2025, dont les résultats ont révélé des habitudes préoccupantes:

• 36% des élèves disent avoir des difficultés de concentration au quotidien
• 43% passent plus de trois heures par jour devant un écran, et 12% dépassent huit heures quotidiennes
• Parmi les 75% qui utilisent leur téléphone avant de dormir, 31% dorment insuffisamment

Parmi les données récoltées, trois axes de réflexion prioritaires ont été dégagés: la santé et le bien-être, les relations sociales (entre pairs et entre générations) ainsi que la gestion du temps.

Contexte scolaire

Sans diaboliser ni idéaliser l’outil, les enseignants reconnaissent que le téléphone portable s’impose désormais comme un véritable "troisième éducateur", influençant les jeunes à travers des contenus parfois problématiques, accessibles via des réseaux souvent non filtrés.

Dans le canton de Fribourg, l’usage du téléphone portable est interdit durant le temps scolaire depuis 2016, afin de préserver la concentration et la qualité des apprentissages.

Protection des mineurs

Natel à l'école: Fribourg pionnier, mais pas le plus strict

Avec une interdiction en place depuis 2016, Fribourg fait figure de précurseur en Romandie. Mais le canton se montre plus souple, notamment pendant les pauses.

Pour Olivier Crausaz, directeur du CO, l'idée était d'accompagner les adolescents et les adolescentes à utiliser leur smartphone de façon intelligente. Pour ce faire, la démarche devait avant tout inclure les élèves: "On s'est demandé ce qu'on pouvait mettre en place. Très vite, on a pensé à consulter les élèves, car on croit souvent avoir la solution sans leur demander leur avis. Le sommeil s’est alors imposé comme un thème central à approfondir." 

Un projet interdisciplinaire

Dès la rentrée, les élèves tiennent un journal de bord avec leurs heures de sommeil et explorent ce thème à travers différentes disciplines scolaires: les données sont analysées en mathématiques, discutées en français, mises en perspective en sciences (fonctionnement du sommeil, recommandations), traduites en routines en éducation physique (respiration, récupération, lien sport-sommeil) et approfondies en musique (écoutes apaisantes, rythmes). Ce travail se déploie tout au long de l’année scolaire. 

Magalie Brusco, adjointe de direction et responsable du projet pilote, se dit agréablement surprise par la maturité des élèves: "Ce qui m’a surprise, c’est qu’ils étaient conscients des impacts physiques, mais aussi relationnels, liés à l’usage de leur téléphone. Ils se rendaient compte du temps qu’ils y consacraient.".

Ce projet novateur vise à développer chez les élèves une réflexion critique sur leurs habitudes numériques, tout en renforçant leurs compétences interdisciplinaires et leur bien-être global.