Cent citoyens pour tenter de réformer le système de santé
Un projet de recherche teste l'assemblée citoyenne au niveau fédéral pour trouver des solutions à l'augmentation des coûts de la santé.

Et si une centaine de citoyens choisis au hasard se réunissaient pour trouver des solutions à l'augmentation des coûts de la santé? Voilà la proposition de l'Assemblée Citoyenne 2025, une initiative de recherche unique en Suisse.
Répartie en trois week-ends à Zurich, Neuchâtel et Berne, et via des réunions en ligne, l'assemblée a pour objectif de proposer des solutions concrètes sur la promotion de la santé et la prévention. A la fin du mois de mars, un rapport sera envoyé au Parlement et à la conseillère fédérale en charge de la santé Elisabeth Baume-Schneider. Le projet, coordonné par le Centre d'études sur la Démocratie d'Aarau et organisé par les universités de Genève et Zurich, vise à explorer de nouvelles formes de démocratie participative.
Un mini système démocratique
Thomas Keller, étudiant fribourgeois de 18 ans, est l'un des 100 participants aux discussions. Il était ce week-end à Neuchâtel pour le deuxième volet de débats en présentiel. La majeure partie du temps est consacrée à informer les citoyens sur le fonctionnement du système de santé suisse, explique-t-il, "parce que beaucoup, en fait, ne connaissent pas vraiment les enjeux".
"Après, il y a les phases de discussions, puis de votations", continue le Fribourgeois. "C'est un peu comme un petit système démocratique: on trouve quel enjeu aborder, puis ce qu'on peut concrétiser ensuite." Les discussions ont porté, par exemple, sur la question de la prévention et de son financement ou encore sur la coordination entre hôpitaux.
Sans les dévoiler, Thomas Keller indique que l'assemblée citoyenne travaille sur sept propositions de loi. Les participants auront encore une réunion en ligne avant de se réunir à nouveau à la fin du mois de mars pour finaliser le rapport.
Mais pour en arriver là, les débats ont été laborieux. Les discussions ne sont pas toujours faciles, explique Thomas Keller. "On se rend compte très vite qu'il est très compliqué de mettre en place des changements, surtout en termes de moyens." A Neuchâtel, les participants ont été accompagnés par sept politiciens de différents partis, qui ont apporté un point de vue politique et "plus technique" aux débats.
Renforcer les institutions politiques
Si cet étudiant s'est retrouvé à l'assemblée, c'est totalement par hasard. Les organisateurs ont envoyé plus de 22'000 sondages à des habitants aléatoires de toute la Suisse. Ils ont reçu en retour environ 3'000 réponses. Un deuxième tirage au sort a permis de sélectionner 100 participants pour former un tableau représentatif de la Suisse en termes d'âge, d'éducation, de région linguistique et d'avis politique.
Le thème choisi pour cette Assemblée Citoyenne 2025 n'est par contre pas le fruit du hasard. "Lors du premier sondage, nous avons demandé aux personnes de nous indiquer les dossiers politiques qu'ils estiment être les plus importants", explique Nenad Stojanović, professeur à l'Université de Genève et chercheur au Centre d'études sur la Démocratie d'Aarau.
"Nous avons la chance en Suisse d'avoir des élections, des outils de démocratie directe, mais le taux de participation est toujours relativement bas, autour de 45%", analyse Nenad Stojanović. "Il y a la nécessité d'améliorer les délibérations avant une votation, de participer plutôt que de simplement dire oui ou non. C'est dans ce cadre-là que les assemblées citoyennes et la méthode du tirage au sort sont toujours plus utilisées sur la scène politique pour renforcer les institutions démocratiques."
Cela fait cinq ans que le professeur travaille sur ce concept à des échelles plus basses, partant des quartiers et allant jusqu'au niveau cantonal, comme à Genève ou en Argovie. L'expérience au niveau fédéral, elle, ne sera pas répétée.