Restaurants rouverts: clients heureux, patrons plus réservés

Les restaurants fribourgeois ont rouvert ce jeudi, après plus d'un mois de fermeture à cause du covid. Et malgré les nombreuses incertitudes sur les nouvelles règles à venir. On le rappelle, le Conseil fédéral doit trancher ce vendredi : il dira s'il impose (ou non) partout en Suisse la fermeture des restaurants à 19 heures et non à 23 heures. Les annonces de ce mardi avaient provoqué la colère de tous les cantons romands ainsi que des professionnels de la branche. 

Mais elles n'avaient pas empêché les restaurants d'ouvrir ce jeudi. Alors en ce jour de réouverture, les clients ont-ils afflué dans les bars et les restaurants? Nous sommes allés prendre la température dans les établissements de la ville de Fribourg, et les situations sont diverses.

Derrière le comptoir d'un café-restaurant proche de l'Université, les serveuses s'activent. Le rush de midi est passé mais ce n'est pas fini: plus de réservations possibles pour ce jeudi soir. Vendredi soir affiche aussi complet. La serveuse, Nora Ouertani, s'en réjouit. "Il y a du monde, et c'est une grande joie pour nous, mais aussi pour les clients."

"Ça fait plaisir de se sentir entourés"

Confirmation, avec James, étudiant en histoire et philo. "Ça fait plaisir d'entendre des voix d'autres personnes, on se sent entourés, ça fait du bien. On profite. Après il y a juste un problème: on a l'impression que cela va être de courte durée."

Effectivement, impossible de savoir ce jeudi soir si les restaurants pourront continuer à fonctionner à partir de samedi ou pas. L'incertitude est un casse-tête pour les restaurateurs. Certains préfèrent acheter des ingrédients - comme des citrons - à la pièce dans des épiceries plutôt qu'en gros.

Ensuite, Mirkan Tor, qui tient une pizzeria sur le boulevard de Pérolles a beaucoup hésité avant de déterminer combien de personnel il allait employer pour ce jour de ré-ouverture. Il a aussi modifié sa carte. "On a supprimé certains plats, les moins demandés, on a aussi enlevé de la carte certaines viandes, comme les canards."

Dans cet établissement du boulevard de Pérolles, les clients sont fait rares, indique la serveuse, Marie-Jo. "En temps normal, à midi cinq, c'est plein ici. Mais là, vous voyez dit-elle en montrant les tables inoccupées, c'est vide". Sur 50 places, moins d'un tiers étaient occupées ce midi. Et ce restaurant n'est pas le seul à constater une baisse de la fréquentation.

Le casse-tête des stocks

La faute au télétravail notamment et aux changements d'habitude. "Nous voyons bien que le paysage a changé, témoigne Lambros Asvestas, cuisinier et patron d'un restaurant grec, sur le boulevard de Pérolles également. Parmi nos clients, nous avions beaucoup de professeurs qui travaillaient à l'Uni, mais ils ne viennent plus."

Ce cuisinier dénonce ces incertitudes. Il confie d'ailleurs qu'il a déjà pensé à ce qu'il ferait des produits qu'il a en stock aujourd'hui. Les dernières fois, il les a donnés, à sa famille, à des amis, et à des associations. Pour le moment, et en attendant les mesures du Conseil fédéral, il attend. "Si on doit fermer à 19 heures, on n'ouvrira pas. Fonctionner que sur le midi ne vaut pas le coup. Et qui voudra manger à 18 heures? On n'est pas un home!"

Un peu plus loin sur le boulevard de Pérolles, le patron d'une brasserie, Philippe Roschy, lui, veut combattre la morosité et rester positif. "On a quand même fait des décorations de Noël pour montrer aux gens qu'on est présent, qu'on a envie, et qu'on est solidaires". Branches de sapin au mur, boules et guirlandes derrière la vitrine, aujourd'hui en tout cas aura régné une ambiance de Noël.