Révéler les secrets du conclave, c'est se faire excommunier

Le conclave commence ce mercredi. Jérôme Favre, rédacteur en chef à Écho Magazine, nous explique les enjeux de l'élection du prochain pape.

Pour Jérôme Favre, le conclave est bien plus qu'une simple élection. © Frapp

Ils sont 133 cardinaux au Vatican et dès mercredi, ils s'isolent du reste du monde. Leur but: élire celui qui prendra la place du pape François. Les électeurs, c'est-à-dire tous les cardinaux qui sont âgés de moins de 80 ans, voteront quatre fois par jour. Deux fois le matin et deux fois le soir. Celui qui deviendra pape est celui qui récoltera les deux tiers des voix.

Mais pour Jérôme Favre, rédacteur en chef de l'Echo Magazine, un bimensuel chrétien, le conclave est bien plus qu'une simple élection. "C'est un exercice spirituel, une célébration", note-t-il. "Il y a une messe, des prières, une méditation. Et on demande aux électeurs de penser à la gloire de Dieu et au bien de l'Eglise lorsqu'ils écrivent un nom sur le bulletin."

Bien évidemment, tout est maintenu dans le secret. Les cardinaux résident à la résidence Sainte-Marthe et votent à la chapelle Sixtine. Ils sont isolés pour ne pas être influencés dans leur décision. "Les procédures de votes sont fixées dans des documents officiels et publics", explique Jérôme Favre, "mais les discussions, les tendances, sont un secret absolu. Un cardinal qui dévoilerait ce qui s'est passé dans le Conclave risque l'excommunication, une peine extrêmement sévère."

Poursuivre la ligne du pontificat

Lors des derniers conclaves, il a fallu moins de 24 heures aux Cardinaux pour choisir qui dirigera l'Eglise. Les défis qui attendent le prochain pontife sont nombreux. "Il y a la question de la décentralisation: est-ce que tout doit être décidé à Rome, ou est-ce qu'on doit imaginer, comme le voulait le pape François, que les conférences épiscopales puissent prendre certaines décisions pour leurs régions? Il y aura aussi la question du dialogue interreligieux et puis celle du suivi des abus sexuels", énumère Jérôme Favre.

Mais ce qui va définir le choix des cardinaux, c'est de savoir si le prochain pape sera celui qui suivra la ligne que François a mise en place ou qui, au contraire, reniera son héritage. Pour Jérôme Favre, la tendance est plutôt à la poursuite de l'ancien pontificat, généralement vu comme progressif, notamment sur les questions de bénédictions des personnes homosexuelles ou sur la place de la femme dans l'Eglise.

"Parmi les papabili, on retrouve par exemple le Cardinal Parolin, le numéro deux du Vatican, ou encore le patriarche latin de Jérusalem, le Cardinal Pizzaballa. Il y a aussi le Philippin Tagle, qui pourrait être le premier pape originaire d'Asie." De l'autre côté, le Fribourgeois cite le Cardinal guinéen Sarah, un conservateur, "qui est, sur bien des aspects, l'opposé de François".

Malgré les multiples listes que l'on retrouve un peu partout, Jérôme Favre insiste sur le fait que l'on n'est pas à l'abri d'une surprise. Après tout, en 2013, explique-t-il, personne ne s'attendait à ce que Jorge Mario Bergoglio devienne pape.

Frapp - Mattia Pillonel
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