À Cressier, un robot autonome révolutionne l'agriculture

Beat Mathys, agriculteur à Cressier, est le premier Suisse à avoir adopté un robot autonome pour l'aider dans son travail. Rencontre.

L’engin est un AgBot T2 de la marque néerlandaise AgXeed, qui remplace à la fois le tracteur et le conducteur. © Frapp

Vendredi après-midi, dans un champ de la commune de Misery-Courtion, une impressionnante machine fait des allers-retours, sans conducteur. Équipé de larges chenilles, l'engin, à l'allure de tank, broie les restes d'une culture de colza. Ce robot futuriste appartient à Beat Mathys, agriculteur originaire de Cressier, qui mise sur la technologie pour alléger son quotidien. Il est le premier en Suisse à utiliser une machine autonome pour travailler ses champs.

Son robot, il l'a découvert lors d'une démonstration et l'a adopté après des essais concluants en automne 2023. L’engin est un AgBot T2 de la marque néerlandaise AgXeed, qui remplace à la fois le tracteur et le conducteur. "Son but est de faire des travaux répétitifs", explique son propriétaire, pendant que l'AgBot travaille à raison d’environ 1,5 hectare à l’heure. "Il ne se presse jamais, ne bâcle pas le travail et il peut enchaîner 24 heures avec un plein de diesel."

Le robot travaille dans les champs de manière autonome. Source: Frapp.

"Le futur de l'agriculture"

Préparation des sols, semis d’automne ou encore semis de blé, la machine est polyvalente. Séduit par ses capacités, Beat Mathys y a vu aussi une solution à sa propre contrainte: une maladie oculaire qui l’empêche de conduire un tracteur.

Pour utiliser le robot, l'agriculteur doit d'abord délimiter le contour du champ grâce à un programme informatique qui permet également de définir toutes sortes de paramètres, par exemple, où l'engin doit précisément commencer et finir son travail. À tout moment, Beat Mathys peut aussi le surveiller grâce à une application sur son smartphone. Le robot peut même être guidé manuellement à l’aide d’une manette.

Le robot peut aussi être manipulé grâce à une manette. Source: Frapp

L'agriculteur admet s'intéresser beaucoup à ce genre de technologie, qu'il voit comme "le futur de l'agriculture". Dans son exploitation, l’automatisation est déjà bien présente. Il dispose notamment de systèmes de traite et de nourrissage automatiques pour ses vaches. "On peine à recruter de la main-d’œuvre", reconnaît-il. "La technologie rend aussi le métier plus attractif pour les jeunes." Cette modernisation a permis au Lacois de gagner en confort: les journées commencent plus tard pour lui et ses employés, et les soirées sont également libérées.

Une curiosité unique

Autre avantage de l'engin: la protection du sol, notamment grâce à ses chenilles, qui exercent moins de pression que les roues d'un tracteur. "Ce printemps, la terre était très humide pour travailler, mais lui passait vraiment sans problème, alors que le tracteur s'enfonçait", sourit Beat Mathys.

La technologie derrière le robot ne fonctionne cependant "pas toujours à 100%". Problèmes de connexion ou herbes trop hautes qui activent les systèmes de sécurité et stoppent le véhicule: il arrive que l'agriculteur doive s'armer de patience. "Il faut avoir le flair pour la technique et ne pas vouloir tout de suite abandonner", explique-t-il. Malgré cela, le robot travaille une vingtaine de jours par année.

Côté curiosité, il ne passe pas inaperçu. "Je vois parfois des collègues qui s'arrêtent au bord du champ pour regarder la machine", rigole son propriétaire. "Il y en a qui sont curieux et d'autres plus sceptiques."

Frapp - Mattia Pillonel
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