La plus grande exploitation laitière du pays est en Gruyère
Daniel et Patricia Menoud ont investi 10 millions dans de nouvelles infrastructures ultra-technologiques. Visite après deux ans de travaux.
On dirait le Canada. De la route qui relie Vuisternens-devant-Romont à Bulle, on ne peut pas la manquer. Ses quatre grands silos bleus contrastent avec le vert des champs. Le domaine de la Lorraine de Daniel et Patricia Menoud à Rueyres-Treyfayes impressionne, et pour cause: il s'agit de la plus grande exploitation laitière du canton de Fribourg, et l'une des plus grandes de Suisse.
Cette caractéristique lui vaut une certaine renommée. "On a chaque semaine des visites. Des Français et beaucoup de Suisses allemands viennent voir comment on travaille", explique Daniel Menoud, non sans fierté quand il parle de son nouvel outil de travail.
Pour les accueillir, le couple a aménagé une salle d'accueil avec vue sur leur carrousel de traite à 50 places, le plus grand du pays. "On voulait éviter de stresser les bêtes."
High-tech
Après deux ans de travaux et 10 millions de francs investis, la ferme est prête. L’étable abrite depuis septembre près de 300 vaches laitières (Holstein, Red Holstein, Jersey), sur un cheptel total de 550 bêtes.
Sur place, tout ou presque est automatisé: un robot passe entre les vaches pour leur donner à manger, il se remplit automatiquement dans la "cuisine" où se font les mélanges de céréales, l'aération de l'étable se fait aussi de manière autonome. Sur les différents toits des bâtiments, 8'000 mètres carrés de panneaux solaires sont installés pour permettre à l'exploitation de tendre vers l'autarcie énergétique.
Cette automatisation permet à Daniel et Patricia Menoud de gagner du temps. "On ne peut pas dire qu'on a plus de travail qu'avant, au contraire." L'équipe est restée la même: Daniel et Patricia Menoud, ainsi que trois employés et demi.
Tout n'a toutefois pas été simple. Il a fallu appréhender cette technologie. "Au début, j'ai fait quelques nuits blanches", raconte Daniel Menoud. "Mais maintenant, c'est bon. Il nous faut encore quelques mois pour être complètement rodés."
Comme en Irlande
L'agriculteur s'est inspiré de ce qu'il a vu à l'étranger, en l'occurrence en Irlande, pour l'implémenter sur son exploitation. "Là-bas, les gars avaient le couteau sous la gorge avec un prix du lait très bas, mais des outils de travail au top pour produire beaucoup, parce qu'ils n'ont pas le choix!"
Les Menoud ont eux fait le choix d'abandonner la production de lait pour le Gruyère AOP, et se tourner vers l'industrie. "Je coulais pour huit laiteries différentes, ça devenait compliqué", admet Daniel Menoud.
Pour compenser un prix du lait plus faible payé par l'industrie, ils ont donc choisi de produire plus en doublant leur cheptel. Le domaine de la Lorraine vise une production de 4 millions de kilos de lait par année.
Pour les enfants
Et que dire aux sceptiques, à ceux qui jugeraient son exploitation trop grande? "Venez voir comment ça se passe!" répond Daniel Menoud. "J'ai moi-même été surpris, les vaches sont plus calmes qu'avant. C'est comme si l'effet dominant des bêtes étaient annihilé par leur nombre."
Ces nouvelles infrastructures, Daniel et Patricia Menoud l'ont fait pour eux, comme outil de travail, mais aussi pour leurs deux enfants de 10 et 13 ans. "On ne les force pas, mais quand ils rentrent de l'école, ils jettent leur sac et courent à l'écurie. On dirait bien qu'ils ont la fibre paysanne."
Pour les intéressés, La Lorraine ouvre ses portes les 20 et 21 juin.