Sept ans et demi de prison pour l'ex-boursier de Belfaux

Le Tribunal pénal économique a reconnu ce mardi le quinquagénaire coupable d'abus de confiance qualifié et de faux dans les titres.

Les juges n'ont par contre pas retenu la qualification d'escroquerie par métier. © KEYSTONE

Le Tribunal pénal économique du canton de Fribourg a lourdement condamné ce mardi l'ex-boursier de Belfaux qui avait admis avoir détourné près de 6 millions de francs dans les caisses communales durant près de quinze ans.

L'ancien caissier de la commune sarinoise est reconnu coupable d'abus de confiance qualifié et de faux ans les titres. Il écope d'une peine de sept ans et demi de prison ferme.

"Il a lésé une collectivité publique"

Le Fribourgeois de 52 ans est également condamné à rembourser les 5,85 millions de francs dérobés à la commune de Belfaux. Il verra la totalité de ses propriétés immobilières en Suisse, en Espagne et au Brésil mises en vente; ce qui ne sera toutefois pas suffisant pour rembourser la commune.

Par la voix de son président Alain Gautschi, le Tribunal pénal économique du canton de Fribourg a justifié ce mardi la séverité de la peine. "Il a abusé de la confiance de trois syndics successifs. Il a lésé une collectivité publique au détriment de l'ensemble des citoyens de la commune. Alors qu'il a pu se financer un train de vie luxueux durant quinze ans, certains habitants de Belfaux ont dû se serrer la ceinture et vont certainement encore devoir le faire pour combler l'immense trou laissé dans les finances communales."

Verdict sévère pour avoir agi "sans gêne"

Durant ce procès, la défense avait en partie présenté l'ex-boursier de Belfaux comme un homme ayant un besoin incessant d'aider les autres autour de lui. Un argument balayé en bloc par le Tribunal pénal économique et son président Alain Gautschi . "Qu'il ose prétendre avoir agi en bon samaritain est une moquerie sans nom. Ces malversations ont été effectuées sans la moindre gêne et avec mépris."

Dans l'attente d'un éventuel procès en appel, l'ex-boursier belfagien patientera derrière les barreaux. Face au risque concret de fuites à l'étranger, le Tribunal pénal économique a ordonné le maintien en prison du Fribourgeois de 52 ans. Pour mémoire, l'homme est déjà en détention préventive depuis fin août 2019.

Défaut de surveillance de la part des autorités

Les juges n'ont par contre pas retenu la qualification d'escroquerie par métier, requise par le Ministère public. Selon eux, il n'y a pas eu de tromperie astucieuse. "Les artifices comptables utilisés par l'ex-boursier se sont appuyés avant tout sur le défaut de surveillance du Conseil communal. Des ordres de virements ont pu être effectués alors qu'il manquait à chaque fois en annexe des justificatifs fondamentaux. En cela, les trois syndics ont failli à leur obligation de contrôles, ce d'autant plus que cela était facile à vérifier", commente Alain Gautschi.

La procureure générale adjointe Alessia Chocomeli-Lisibach avait, elle, dans son réquisitoire début mars demandé une peine de 8 ans de prison notamment pour escroquerie par métier, gestion déloyale et blanchiment d’argent. Elle n'a pas été entendue pour ces trois chefs d'accusations. "À ce stade, nous n'envisageons pas de faire appel", commente-t-elle sobrement. Tout le contraire de la défense qui envisage par la voix de l'avocat André Clerc de faire appel contre cette décision. Dans sa plaidoirie, ce dernier réclamait au maximum une peine de quatre ans et demi de prison ferme.

RadioFr. - Mehdi Piccand
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