Technologue du lait, un métier qui attire

Actuellement, 128 Romands sont formés à Grangeneuve, toutes années confondues. Ils étaient 107 en 2019.

Certains fromagers peinent à trouver de la main d'œuvre formée. © KEYSTONE

Travail très matinal et durant les week-ends, activité parfois dure physiquement, horaires coupés: être technologue du lait n'est pas facile tous les jours. Certains laitiers-fromagers fribourgeois peinent d’ailleurs à recruter de la main d'oeuvre.

Pourtant l’apprentissage de technologue du lait attire toujours, et même davantage ces dernières années. En 2019, 107 Romands suivaient la filière CFC à l’école de Grangeneuve (IAG), toutes années confondues. Cette année, ce sont 128 jeunes qui sont formés à l’institut agricole.

"Depuis quelques années, on a une augmentation continuelle du nombre d’apprentis. Pour l’année prochaine, il est encore trop tôt pour sortir des chiffres, mais je pense que le nombre d’apprentis va stagner voire légèrement diminuer", imagine Xavier Cudré-Mauroux, doyen de la formation du lait à l'institut agricole de Grangeneuve. La tendance à la hausse des dernières années résulte, selon lui, à une volonté de l’organisation professionnelle du métier au niveau suisse qui a alloué des moyens importants pour dynamiser l’image du métier.

Malgré l'engouement pour l'apprentissage de technologue du lait, certaines fromageries fribourgeoises peinent à recruter des employés, mais aussi des apprentis. C'est le cas de Nicolas Schmoutz, patron de la fromagerie de Mézières, installé dans la commune glânoise depuis 14 ans. En tout, son entreprise compte 13 salariés (huit équivalents plein-temps). Cet été sera le premier sans nouvel apprenti. Il n’a pas encore réussi à trouver la bonne personne, même s’il a déjà repéré des jeunes, encore à l’école secondaire, qui pourraient potentiellement décrocher un apprentissage chez lui dans deux ans.Et une fois leur CFC en poche, les jeunes se réorientent ou poursuivent leurs études. "Quand on discute avec les jeunes en classe, on se rend compte que plus de la moitié d’entre eux veut faire une formation supérieure, que ce soit un brevet ou une maîtrise dans les Hautes Ecoles techniques, voire faire une maturité pour entrer à l’Ecole d’ingénieurs. Certains s’en vont faire l’armée et d’autres veulent découvrir un deuxième métier", affirme Xavier Cudré-Mauroux.

A Mézières, Nicolas Schmoutz mise sur le bouche-à-oreille et sur ses contacts quand il doit trouver un nouvel employé. Il faut dire qu’en tant que formateur et membre du comité de l’Association des Artisans fromagers romands (AFR), il connaît pas mal de monde. Pour ceux qui sont en recherche de personnel, l’AFR propose une bourse de l'emploi sur son site Internet et préconise aussi de recruter en Suisse allemande. Car, sur les quatre écoles qui forment les technologues du lait en Suisse, trois se trouvent de l’autre côté de la Sarine. Une aubaine pour les jeunes qui veulent apprendre le français et voir d’autres contrés, selon le patron de la fromagerie de Mézières, mais cela demande une démarche proactive de la part des patrons, notamment pour contacter les écoles alémaniques.

Les technologues du lait se sont dotés dernièrement d’une convention collective de travail. Entrée en vigueur le 1er janvier 2023, elle a pour but de réglementer davantage la pratique de la profession. Une nouveauté qui amène des contraintes, poussant les patrons à se réorganiser. " Les apprentis qui n’ont pas 16 ans n’ont pas le droit de travailler le dimanche. Entre 16 ans et 17 ans, les jeunes ne peuvent travailler que six dimanches par an. Il y a aussi un temps de récupération minimal à respecter entre le coulage du soir et le début du travail le matin", indique Xavier Cudré-Mauroux. "Si ces points peuvent freiner certains formateurs, il faut garder en tête que si l’on veut maintenir des emplois et attirer des gens dans la profession, il est nécessaire de s’adapter à la CCT."

RadioFr. - Delphine Bulliard
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