Une victime de harcèlement jugée pour calomnie

Cette affaire judiciaire occupe la police cantonale fribourgeoise depuis plus de trois ans. Elle oppose une inspectrice et son supérieur.

Le verdict de cette affaire sera rendu vendredi au tribunal pénal de la Sarine. © KEYSTONE

Le début de l'affaire remonte à 2022. Une inspectrice de la police cantonale est en conflit avec son chef de brigade. Au cœur du problème, les absences répétées de celles-ci pour pouvoir allaiter son enfant. Irrité, il l'aurait notamment traitée de "vache à lait". Une enquête avait alors été ouverte pour tenter de faire la lumière dans cette affaire. 

Les deux parties se retrouvaient mardi matin devant le tribunal de la Sarine pour le procès, mais cette fois-ci, les rôles étaient inversés. La femme de 36 ans était l'accusée, son chef la victime. 

Durant la procédure, la policière avait décrit son supérieur comme sexiste, coupable de harcèlement et de mobbing. D'après elle, sa situation n'était pas un cas isolé et d'autres collègues étaient eux-aussi conflit ouvert avec lui. Choqué par ces déclarations qui nuisent à sa réputation, le principal intéressé décide alors de déposer une plainte pénale contre sa subordonnée pour calomnie. 

Dans la salle d'audience, deux témoins, des anciens collègues, se sont succédé. Face à la juge, ils nient tous les deux avoir eu un quelconque problème avec le chef de brigade. 

Mettre la pression

D'après l'avocat de la défense, il faut prendre les propos des témoins avec des pincettes. Ils n'oseraient pas témoigner contre leur chef, par crainte d'éventuelles représailles. Il insiste aussi sur le fait que cette plainte pénale a pour seul but de mettre la pression sur sa cliente, afin qu'elle abandonne son combat dans l'affaire de l'allaitement. 

Enfin, dernier problème, et pas des moindres, il y a eu plusieurs erreurs judiciaires graves dans cette longue et complexe procédure. Par exemple, le juge en charge de l'affaire s'est récusé après avoir tenu des propos qui laissaient planer le doute sur son objectivité.

Fort de ces arguments, la défense demande l'irrecevabilité de la plainte. Les deux parties se retrouveront vendredi 7 novembre au tribunal de la Sarine pour le verdict.

RadioFr. - Nathan Gendre
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