Yannick Neveu: "On voulait partager le bonheur du studio"

Le musicien et chroniqueur fribourgeois revient sur le making-of de l'enregistrement en studio du troisième album de son groupe, Darius.

Le groupe fribourgeois a deux concerts prévus ce mois de mai, dont un à Thoune. © La Télé

Une année après la sortie de son album "Murmuration", le groupe fribourgeois Darius sort un documentaire, disponible sur YouTube, à propos de leur expérience d'enregistrement en studio. 

La Télé: Pourquoi avez-vous décidé de réaliser un documentaire sur l'enregistrement de votre troisième album "Murmuration"?

Yannick Neveu:  On avait déjà enregistré notre deuxième album à Laval, en Mayenne, à l'orée de la Bretagne. On avait adoré l'expérience dans ce studio, qui est vraiment unique au monde, et on a décidé d'y retourner. On s'est dit qu'on voulait partager, à travers un documentaire, le bonheur qu'on avait à travailler là-bas. Il se trouve qu'il y avait des gens sur place qui savaient comment faire.

Vous êtes ressortis grandis de cette expérience. Est-ce que cela a aussi contribué à la maturité de votre musique ?

On a beaucoup appris, surtout après le deuxième album où on était un peu arrivés les mains dans les poches en pensant savoir faire. Mais là-bas, on a vite été remis en question: "C’est quoi ce câble ? Cette pédale ? Pourquoi trois guitares différentes ?" Il a fallu plus de rigueur. Et clairement, notre musique en est sortie grandie.

Vous mentionnez ne pas être des musiciens professionnels, pourtant vous avez des concerts, notamment à Thoune et à Strasbourg, ce qui génère des coûts. Comment vous organisez-vous ? Comment partagez-vous les cachets ?

On a la chance de ne pas dépendre de notre musique pour vivre, donc on le fait avant tout par plaisir, même si c’est presque semi-professionnel. C’est vraiment difficile pour les musiciens professionnels en Suisse, avec des cachets comme ceux qui sont proposés. 300 francs par musicien pour une heure de concert, ça peut sembler correct, mais il faut se rappeler qu'il y a des centaines d’heures de répétition, la location d'un van, l’essence, les frais techniques… C’est énorme. Il y a un vrai problème de statut de musicien en Suisse: il est inexistant. Et quand on ne travaille pas, on ne touche rien. Nous, on n’est pas pros, mais on essaie d'éviter les concerts trop mal payés, parce que ça finit par dévaloriser le travail.

En plus de la musique, vous êtes chroniqueur sur Couleur 3. La radio a-t-elle toujours été une passion pour vous ?

Oui, toujours. C'était mon rêve quand j'étais gamin. Mon premier boulot, à 13-14 ans, c'était à Radio Fribourg: je faisais des cafés, des micro-trottoirs, j'archivais des trucs... C'était très cool. Puis il a fallu que je trouve un travail et, à ce moment-là, la radio n'était pas dans le champ des possibles. Donc j’ai mis ce rêve de côté et un jour, c’est revenu, sans que je le cherche. J’ai eu de la chance.

Qu'est-ce qui vous plaît là-dedans ?

Couleur 3, c'est un immense terrain de jeu. C'est beaucoup de travail d'écriture: ce n'est pas si simple mais on nous fait confiance. On peut tester des idées. Si ça marche, tant mieux, sinon on passe à autre chose. J'ai retrouvé le même esprit que lorsque je travaillais à la télé Vaud & Fribourg pour l'émission "Les Curieux" où on était libre d’essayer des choses.

On entend votre voix tous les jours de 15h à 17h pour l'émission "Le Poulpe". Ça marche bien ?

C'est une tranche difficile, de 15h à 17h, mais l'émission est appréciée. Il y a des rendez-vous qui marchent bien, comme le jeu un peu débile "Le Poulpe-Pieuvre", où il faut répéter deux mots imprononçables à un tempo de plus en plus rapide. C’est très drôle et ça plaît beaucoup, même aux enfants. Je crois que c’est devenu un rendez-vous apprécié.

Depuis le début de l’année, Couleur 3 perd beaucoup d’audience. Comment vivez-vous cela à l'interne ?

L'arrêt de la FM, une décision technique, a été difficile à accepter. Mais on essaie de faire abstraction et de continuer à bien travailler. On le voit aussi comme une opportunité pour abandonner certains vieux réflexes et se réinventer, en explorant de nouvelles pistes qui commencent à se mettre en place.

Le Making-Of de l'enregistrement de l'album "Murmuration" est à retrouver sur YouTube

La Télé / RadioFr. - Karin Baumgartner / Adaptation Web: Jessica Cherbuin
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