La BD pour donner le goût des sciences
C'est ce que propose l'association l'Agora d'Hypatie aux élèves de Suisse romande. Une classe de Bulle participe à ce projet.

"L'ouvrage est beau, les dessins sont sympas, les élèves sont pris dans l'histoire: ce projet a vraiment lancé quelque chose de très motivant dans la classe. Les élèves ont des étoiles dans les yeux!" Enseignante en 7-8H de l'école primaire de La Léchère, à Bulle, Anne-Laure Peiry s'est lancée dans le projet cet automne, en lisant, avec ses élèves, le tome 1 de la bande dessinée, "Salomé - Enquête d'exoplanètes".
"Cette BD n'est ni une fiction, ni un documentaire, mais une aventure à travers laquelle on va venir distiller du contenu scientifique, explique Chloé Lavie, scénariste de la bande dessinée. Pour comprendre l'histoire, le lecteur a besoin d'acquérir certaines notions. Cela permet aux élèves d'apprendre plein de choses sur les étoiles, les planètes ou les exoplanètes - les planètes qui se trouvent en dehors de notre système solaire."
Les scientifiques impliqués
Une initiation ludique à l'astrophysique qui semble bien fonctionner: à 11 ou 12 ans, les écoliers manient les termes "exoplanètes", "vitesse radiale", ou "transit" avec un naturel déconcertant. Et sont impatients de lire la suite des aventures de Salomé, le tome 2 de la BD, qui explique comment les astrophysiciens détectent des traces de vie dans l’atmosphère des exoplanètes.
Les notions scientifiques abordées dans ces bandes dessinées sont complexes, mais rendues accessibles au plus grand nombre. Et toutes les explications ont été validées par des experts du domaine: "Le contenu de chaque tome de la série Salomé a été validé par un comité scientifique", confirme Chloé Lavie. Un comité dont font notamment partie notamment Michel Mayor et Didier Queloz, deux chercheurs suisses récompensés par le Prix Nobel de Physique en 2019 pour avoir découvert la première exoplanète.
Encourager les futures astrophysiciennes
"Il est essentiel de créer un lien entre l'école et le monde de la recherche. Les scientifiques sont souvent ravis d'ailleurs de partager leur passion avec le grand public", poursuit la scénariste de la BD, également membre de l'association l'Agora d'Hypatie, qui porte ce projet de vulgarisation scientifique.
L'association souhaite également encourager les écolières à embrasser une carrière scientifique: "Les femme sont aujourd'hui sous-représentées dans les milieux scientifiques et dans le monde de la recherche. Nous avons donc fait le choix de mettre en scène dans l'ouvrage beaucoup de personnages féminins, afin que les jeunes filles puissent s'identifier aux personnages de l'histoire et développent une confiance dans leur capacité à contribuer à des avancées dans la recherche scientifique."
"Cela ouvre tous les esprits. Je vois que les filles sont aussi motivées que les garçons!", constate de son côté Anne-Laure Peiry, l'enseignante bulloise. Intéressée par l'astronomie depuis enfant, elle a toujours aimé transmettre sa passion. Elle s'est donc volontiers lancée dans ce projet.
Un projet où les enseignants sont accompagnés pour être au niveau: ils peuvent suivre une formation et utiliser différents outils pédagogiques mis à disposition par l'association l'Agora Hypatie, qui guident la lecture des deux tomes de la BD et qui leur permettent d'animer des ateliers pratiques à la fin.
Un 3e tome en préparation
Actuellement, 16'000 exemplaires de ces BD sont actuellement en circulation dans les écoles en Suisse romande. Cela représente 650 classes, dont 125 fribourgeoises. Vu l'engouement, un tome 3 est en cours de rédaction. Il sortira en mars. L'ouvrage ne traitera pas d'astrophysique cette fois, mais des glaciers et du réchauffement climatique.
De son côté, pour compléter cette aventure astronomique, Anne-Laure Peiry aimerait amener ses élèves bullois à l'observatoire d'Ependes ou à l'observatoire en haut du sommet du Moléson, d'ici la fin de l'année.