Femme secouée décédée: pas un féminicide selon la justice
Le Bullois prévenu dans une affaire de syndrome de l'adulte secoué a été condamné pour lésions corporelles simples. Uniquement.

Les faits remontent à septembre 2019. Une dispute éclate au sein d'un ménage bullois. Un homme de 55 ans, fortement alcoolisé, empoigne, frappe et secoue sa femme à de nombreuses reprises, au point que son menton touche son sternum. Dans cet épisode de violences, la tête de la quadragénaire tape même contre son dos. Les lésions entraînent alors son décès.
Vendredi, le quinquagénaire a été condamné par le Tribunal pénal de la Gruyère pour lésions corporelles simples. Pour le Ministère public, qui requérait une peine de 7 ans de prison pour meurtre, le verdict est consternant. L'autorité estime que la justice aurait dû retenir au moins l'homicide par négligence, ou même des lésions corporelles graves. De son côté, le prévenu plaidait pour l'acquittement, disant qu'il se trouvait en situation de légitime défense.
Appel contre le verdict
Le procureur Marc Bugnon se base sur les conclusions médicales, sur les yeux gorgés de sang de la victime, sur l'hémorragie et le cerveau qui a cessé de fonctionner. Mais selon la justice gruérienne, on ne peut pas retenir le féminicide, car l'auteur ne connaissait pas le syndrome de l'adulte secoué, et ne pouvait donc pas en connaître l'issue potentiellement fatale.
Lors de ce procès, le quinquagénaire a aussi été reconnu coupable d'actes d'ordre sexuel sur une jeune fille de 11 à 12 ans au moment des faits.
En tout, le Fribourgeois a été condamné à 7 mois de prison ferme, mais comme il a déjà passé plus de 600 jours derrière les barreaux depuis le drame, il a été libéré immédiatement. Il sera dédommagé à auteur de 91'000 francs, pour détention injustifiée.
Le Ministère public fribourgeois a d'ores et déjà annoncé qu'il fera appel au Tribunal cantonal. L'affaire devrait être jugée dans 8 à 12 mois, environ.