Procès pour l'assassinat d'une fillette à Vuadens

Une femme de 27 ans comparaît devant le Tribunal pénal de la Gruyère. Compte rendu de l'audience qui s'ouvrait ce lundi.

La prévenue, âgée de 27 ans aujourd'hui, doit répondre d’assassinat, subsidiairement de meurtre (archives). © KEYSTONE

Le corps sans vie de la petite fille a été trouvé le dimanche 11 novembre 2018 au réveil par son père au domicile de ce dernier à Vuadens. Celui-ci accueillait son enfant le week-end dans le cadre du droit de garde qu’il exerçait depuis 2017 et sa séparation d'avec la mère.

Arrêtée le 22 novembre, la compagne du père, en prison depuis presque trois ans et demi, a réitéré son innocence et affirmé n’être pas impliquée dans le décès. "Je n'ai rien entendu", a-t-elle soutenu. La justice a rejeté l'essentiel des requêtes de preuve formulée par une défense qui plaidera l'acquittement.

L'accusée, qui suggère la culpabilité paternelle, a répondu avec détermination aux questions de la présidente Frédérique Bütikofer Repond. Elle s'est présentée comme la "copine du père". "Je ne voulais pas endosser le rôle de belle-mère", a précisé la jeune femme pour motiver la distance qu'elle entretenait avec la fillette.

L'attente du père allait au-delà. Il se sentait à l'aise avec sa compagne, voulant créer une famille, "sans précipiter les choses". La relation a abouti à la location d'une maison, avec des chiens. Même si la prévenue se montrait "plus réservée" quant à son projet, a-t-il admis.

L'accusée se voyait bien repartir pour un grand voyage, mais seule, avec ses économies, après une virée au Canada en 2016. Elle aimait son compagnon, tout en sachant que leur relation ne durerait pas. La garde était une source de disputes, tout comme l'éducation que le père lui prodiguait.

"C'est comme si on m'avait arraché une partie de moi-même, comme si on m'avait enlevé le coeur, avec un trou à la place", a expliqué la mère, se décrivant comme toujours dévastée. Celle-ci a considéré la prévenue comme une "mauvaise personne" dès sa première rencontre avec elle.

Heureuse un jour

"J'ai promis à ma fille d'être à nouveau heureuse un jour", a dit la maman. "J'attends que la justice soit rendue, car elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé, pour commencer le deuil". Après les vacances d'été 2018 avec le père et sa compagne, la petite n'avait plus envie d'aller chez son papa.

Le père avait noté le changement en venant la chercher, sans s'en alarmer pour autant. "Les tensions ont augmenté avec les week-ends de garde", a-t-il reconnu. "Ma compagne avait des comportements déplacés", en se montrant dure avec la petite. "J'avais des oeillères alors".

Aujourd'hui, le père estime avoir compris que la prévenue, qui s'agaçait de vidéos envoyées à la famille, "détestait" sa fille. Le père a dû se justifier par rapport à un enregistrement de sa compagne, réalisé à son insu, signalant les difficultés à s'endormir de l'enfant et où il crie.

"Ce n'était pas l'habitude", s'est défendu le papa, DJ et hockeyeur à ses heures, en déplorant le procédé. La petite se réveillait facilement en milieu de nuit, à la maison elle allait dans le lit de sa maman. Ce que ne tolérait pas l'accusée. La perte de l'emploi du père a ajouté des soucis financiers.

Multiples traumatismes

"Ma fille était mon rayon de soleil", a affirmé le père qui au début ne croyait pas à l'implication de la prévenue. L’autopsie a révélé de multiples traumatismes au niveau de la tête, du cou, du tronc et des membres, un oedème cérébral, une fracture à la base du crâne et des signes d’étouffement.

La cause du décès est une asphyxie mécanique, les lésions d’aspect frais et contus étant évocatrices de l’intervention d’un tiers. Des lésions qui ne sont pas compatibles avec la chute d’un lit à étage, selon le Ministère public. C'est pourquoi les investigations se sont dirigées vers la compagne.

L’instruction a permis de déterminer que la femme était seule avec la fillette durant une partie de la nuit précédant le décès. L’acte d’accusation retient encore que, "confrontée à l’enfant qui s’était manifestée au milieu de la nuit, la compagne n’était alors pas parvenue à se maîtriser".

L'accusée s’en est prise à la petite fille, en l’empêchant notamment de respirer. Une attitude qui a causé les lésions ayant conduit à la mort. Sur les mobiles du crime, l’enquête a révélé que la relation de la compagne avec le père souffrait de la présence de l’enfant, en entravant ses projets. Le procès se poursuit mardi.

ATS / RadioFr.
...