Biodiversité: Agri Fribourg dénonce une initiative "extrême"

La Chambre fribourgeoise d’agriculture s'oppose à l'initiative biodiversité. Elle a présenté ses arguments ce jeudi à Romont.

L'union des paysans fribourgeois présentait ses arguments contre l'initiative sur la biodiversité, soumise au peuple le 22 septembre. © La Télé

Le 22 septembre prochain, la population suisse votera sur l'initiative biodiversité. Un sujet qui touche particulièrement le canton de Fribourg puisque 60% du territoire est dédié à l'agriculture. Mais dans le monde agricole, la question divise.

"C'est une initiative extrême, coûteuse et paralysante!" a réagi Frédéric Ménétrey, directeur d'Agri Fribourg. Une dizaine d'agriculteurs étaient rassemblés ce vendredi sur une exploitation agricole pour manifester leur opposition. Parmi leurs arguments, ils craignent la baisse de production en cas d'acceptation de l'initiative. Selon eux, ça nécessitera d'importer plus de denrées alimentaires de l'étranger. "Cela aura des effets néfastes sur le climat, les gaz à effet de serre et sur la biodiversité à l'étranger", ajoute Frédéric Ménétrey.

Les opposants mettent en avant les efforts déjà fournis par le secteur pour soutenir la biodiversité. Par exemple, le canton de Fribourg compte une cinquantaine de réseaux écologiques réunissant plusieurs exploitations, dont le but est de maintenir et de promouvoir la biodiversité. "Nous avons fait beaucoup d'efforts depuis 1992 et l'arrivée des paiements directs et des compensations écologiques", explique Serge Fischer, président du Réseau écologique Glâne-Nord et agriculteur à Villaz-St-Pierre. Aujourd'hui, 19% des terres agricoles suisses sont dédiées à la biodiversité.

Des partisans également

Cependant, cette inquiétude n'est pas partagée par tous les agriculteurs. Certains, favorables à l'initiative, insistent sur l'urgence de protéger la biodiversité. Ils craignent l'extinction progressive de certaines espèces animales et végétales et soulignent l'importance de la diversité des cultures pour renforcer la santé des sols. C'est un point de vue défendu par Philippe Gavillet, producteur laitier qui regrette que la plupart de ses confrères ne pensent qu'en termes de chiffres de production.

Aujourd'hui, les agriculteurs suisses sont tenus de laisser 7% de leurs terres en jachère pour bénéficier des paiements directs. Pour certains, ce seuil est insuffisant pour protéger la biodiversité, tandis que pour d'autres, aller au-delà de ce chiffre serait économiquement intenable. Le Conseil fédéral et le Parlement estiment, eux, que l’initiative va trop loin, car elle empiéterait sur des intérêts importants, tels que l’approvisionnement en énergie et l’agriculture.

La Télé / RadioFr. - Océane Page / Léo Martinetti
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