Les apprentis boulangers face aux horaires matinaux

Les boulangeries peinent parfois à engager des apprentis en raison des horaires et de la loi sur la protection de la jeunesse. Interview.

La loi sur la protection de la jeunesse peut être un frein pour engager de jeunes apprentis. © Keystone

On aura toujours besoin de pain, de gâteaux et de chocolats, ainsi que de jeunes qui apprennent les métiers de boulanger, pâtissier et confiseur et assurent la relève. Mais les jeunes ont-ils toujours envie de se lancer dans ces professions artisanales exigeantes, en particulier au niveau des horaires? Et les entreprises formatrices parviennent facilement à recruter des apprentis motivés et prêts à aller au bout de leur formation?

Richard Uldry, chocolatier à Gruyère, responsable également de la formation professionnelle au sein de l’Association fribourgeoise des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs.

Radio Fribourg: Les horaires matinaux sont-ils des freins pour les jeunes qui voudraient exercer ces métiers?

Richard Uldry: Ce n'est pas un frein pour les gens qui aiment travailler ce métier. C'est plutôt un frein lorsqu'on va engager les apprentis, parce qu'une personne qui a 15 ans ne peut pas commencer son travail avant une certaine heure.

En raison notamment de cette fameuse loi sur la protection de la jeunesse. En quoi est-ce que ça impacte les entreprises?

C'est compliqué d'adapter un horaire spécifique pour un apprenti qui serait très jeune. C'est aussi compliqué de trouver une personne qui commencerait plus tard afin d'accompagner le jeune durant la journée. Ce qui fait qu'en général, les entreprises vont surtout axer sur des personnes âgées entre 16 et 18 ans.

Ce qui limite le panel de personne que l'on peut recruter?

Totalement. En général, si vous voulez faire boulanger ou pâtissier, c'est parce que vous aimez déjà faire ça. En sortant de l'école obligatoire, vous êtes confronté à la réalité, à quelqu'un qui vient vous dire "non, mais je ne peux pas vous prendre, vous êtes trop jeune". Et c'est le moment où vous voulez commencer une formation, donc beaucoup de jeune vont finir par partir dans une autre direction.

Le Valais a trouvé une solution. Le canton a mis en place une école de boulangerie qui permet à ces jeunes d'avoir une année de plus après l'école obligatoire. Est-ce une solution qui pourrait être envisageable?

C'est une solution qui est actuellement regardée de près au niveau suisse. Pour l'instant, les retours indiquent que ça fonctionne vraiment très bien. Ça montre aussi qu'il y a du dynamisme dans les métiers de la boulangerie.

L'idée n'est pas d'avoir une formation plus longue. Les apprentis vont garder les trois ans de formation, sauf que la première année se fera en école. Ce sera à partir de la deuxième, lorsqu'ils auront 16 ou 17 ans, qu'ils pourront aller dans les entreprises.

Revenons peut-être au canton de Fribourg. Il y a à peu près huitante entreprises qui sont formatrices dans les domaines de la boulangerie, pâtisserie et confiserie. Est-ce qu'elles trouvent quand même des apprentis?

Alors oui, elles trouvent des apprentis, peut-être pas chaque année, mais en général, il y en a. On voit que les effectifs sont un peu à la baisse. Par contre, il faut savoir que l'association met beaucoup d'argent pour la formation. On a des locaux tout neufs, par exemple, pour les cours inter entreprises. On essaie vraiment d'être toujours à la pointe à ce niveau.

Écouter l'interview en entier:

RadioFr. - Sarah Camporini / Adaptation web: Mattia Pillonel
...