Comment expliquer la hausse des primes maladie?

Lors d'un sondage réalisé sur Instagram, beaucoup d'entre vous ont dit n'avoir pas compris pourquoi ces factures avaient augmenté.

En 2023, 44 assureurs proposent l’AOS, l'assurance obligatoire des soins. © KEYSTONE/Christian Beutler

Le 26 septembre dernier, vous avez été plus de 700 à participer à notre sondage  suite à l'annonce de la hausse des primes d'assurance maladie. Il en est ressorti que 92% des votants ont dit n'avoir pas du tout compris les raisons profondes de ces augmentations. Tâchons de rectifier le tir.

2022, une année difficile

Commençons par les bases. Si vous devez vous rendre à l'hôpital pour une appendicite par exemple, cela engendre des frais médicaux, que cela soit pour financer le travail des soignants ou pour le matériel et les médicaments que votre prise en charge nécessite.

Or, en 2022, ces coûts ont explosé. Non pas à cause de l'abandon progressif des mesures anti-Covid, mais parce que de très nombreuses prestations n'avaient pas pu être fournies durant la pandémie, cette dernière ayant dû être traitée en priorité. Pour financer toutes ces opérations, les assureurs ont dû aller puiser dans leur pot commun, là où va l'argent des primes que nous payons chaque mois.

Il faut savoir que cette somme est placée en bourse depuis les années 1990, ce qui permet de récolter un peu plus d'argent lors des bonnes années, mais peut aussi avoir de dangereuses conséquences si l'année écoulée n'a pas été prospère économiquement parlant. Cette année, 1,8 milliard de francs de réserve ont été perdus de cette façon.

Le jeu de la bourse

Mais alors, pourquoi mettre cet argent en bourse si le risque est si important? Une partie de l'argent des primes maladie est utilisé pour faire des réserves. Si durant une année le nombre de malades explosent, cet argent permettra de fournir des prestations médicales de qualité à toutes et tous. En moyenne, un peu plus d'un quart de nos paiements mensuels remplissent ces réserves.

La majeure partie des investisseurs, dont nos caisses maladie font partie, placent ces réserves sur des marchés financiers, anglo-saxons pour la plupart. Mais depuis le début de l'année 2022, encore elle, ces marchés sont entrés dans une phase de turbulence lorsque la guerre a éclaté en Ukraine. Or, ces deux pays sont de grands producteurs de matières premières (céréales, électricité, pétrole, etc.) dont le monde globalisé dépend.

Si on a de la peine à se fournir ces ressources, alors leur prix augmente. Pour protéger leurs arrières, les grands acteurs des marchés boursiers peuvent exagérer les conséquences négatives de ce genre de conflit. Les investisseurs, comme les caisses maladie, qui auraient décidé de miser sur ces éléments, perdent alors leur argent, comme un joueur qui aurait parié sur le mauvais cheval lors d'une course.

Quel espoir pour la suite?

Pour Simon Zurich, vice-président de la Fédération suisse des patients (FSP), le plus gros problème est qu'il y a en Suisse trop de caisses qui se font concurrence. Une caisse unique semble, toujours d'après lui, une bonne solution pour éviter de telles augmentations.

D'autre part, et selon Sergio Rossi, professeur d'économie à l'Université de Fribourg, les caisses maladie devraient plutôt investir leur argent dans le tissu économique local, en soutenant petites et grandes entreprises installées en Suisse. "Cela permettrait aussi d'aider le marché du travail et les finances publiques. Ainsi, le revenu national pourrait augmenter et profiter à toutes et tous."

Il est important de rappeler que les éléments évoqués dans cet article, ne sont qu'une partie des raisons de l'augmentation des primes maladie. Selon Sergio Rossi, nous sommes rentrés dans une logique de santé "commerçante". "Aujourd'hui, de nombreuses cliniques veulent extraire le maximum de profits des patients, pour amortir leurs investissements, et les hôpitaux publics suivent cette tendance pour ne pas perdre en compétitivité. De leur côté, les patients peuvent aussi se dire qu'avec ce qu'ils paient, ils sont en droit d'attendre un service généreux à la pointe de la technologie."

Même si vous ne pouvez pas vous soustraire à l'obligation de vous assurer, vous avez toutefois la possibilité de changer de caisse maladie jusqu'au 30 novembre. Pour se faire, des sites comme Comparis ou celui de la FSP peuvent vous aiguiller.

Frapp - Dimitri Faravel
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