"Notre amitié, c'est une chance dans ce milieu"
Le Café de la Fonderie a fêté ses 5 ans, seuil symbolique marqué par la pandémie. L’occasion de prendre des nouvelles des chefs Ben et Léo.

L'amitié qui lie Benoît Waber et Léonard Gamba depuis plus de 25 ans n'a pas vacillé pendant la pandémie. Pas de bluff, l'oreille attentive qu'ils se prêtent et leurs réponses complémentaires en sont autant d'indicateurs. "Le ton peut monter quand il s'agit de décisions stratégiques", sourit Ben. "L'avantage, c'est qu'on a une base saine, on se connaît. C'est une chance dans ce milieu."
Chance, soutien et résilience, des éléments plus que jamais nécessaires aux restaurateurs, l'an dernier. Le coronavirus a forcément réservé des sueurs froides aux Fribourgeois aussi. "On a dû se battre pour le Jo. bar de quartier, qu'on a ouvert quelques jours seulement avant le semi-confinement, en mars 2020. Pendant cette période incertaine, on ne s'est pas sentis épaulés par les autorités", lâche Léo. "Heureusement, on a réussi à investir dans le lieu pour l'empêcher de couler."
Un équilibre de vie
A trente ans chacun, Ben et Léo gèrent quatre établissements en ville de Fribourg et une équipe d'une trentaine de personnes. Premier projet des associés, le Café de la Fonderie a fêté, encore portes closes, son cinquième anniversaire en mai dernier. "On aurait aimé organiser quelque chose à cette occasion." Actuellement en pause estivale, le restaurant né de leur participation à Masterchef est devenue une adresse solidement ancrée dans la région. L'effet "people" généré par l'émission de TF1 en 2015 se mesure encore aujourd'hui. "Les gens ont d'abord connu une image de télévision avant de goûter à notre cuisine. Certains clients espèrent nous voir quand ils viennent à la Fonderie", observe Ben, non sans une pointe de regret. "On a été avantagés par cette médiatisation bien sûr, mais on en a aussi parfois souffert", confie son binôme.
Dans le milieu exigeant de la restauration, les Fribourgeois revendiquent un équilibre. "Chaque année on a voulu améliorer nos conditions, en engageant du nouveau personnel", explique Léo. "Le Covid nous a fait encore plus réfléchir. On se réjouit de constater qu'il y a pour les jeunes chefs une vie un peu plus saine que celle de l'ancienne génération de cuisiniers." Ben abonde dans son sens. "C'est très important d'avoir des moments pour soi, ça alimente la créativité. En même temps, on ne peut pas toujours vendre du rêve. C'est un métier qui reste contraignant."
Le duo ne s'est pas brûlé les ailes. La passion, moteur du succès, les booste toujours autant. Amis, chefs, associés, ils abordent sereinement l'avenir du petit empire gastronomique qu'ils ont créé à Fribourg. "On a toujours voulu faire bouger cette ville, on est bien ici, c'est chez nous." Un cinquième restaurant n'est pas à l'agenda, mais, sourire en coin, on comprend vite qu'ils n'ont pas dit leur dernier mot, derrière les fourneaux.