Budget 2026: Fribourg table sur 300'000 francs de bénéfice

Le gouvernement mise sur son plan d'assainissement pour équilibrer les comptes. Le Grand Conseil décidera du sort du budget.

Le Gouvernement fribourgeois a présenté lundi son budget 2026, sur fond de Plan d'assainsissement © KEYSTONE

Le gouvernement fribourgeois a dévoilé lundi son budget pour 2026, affichant un bénéfice de 300'000 francs. Un résultat à l'équilibre qui repose entièrement sur le plan d'assainissement des finances cantonales (PAFE) présenté début septembre. Ses mesures visent à améliorer les finances du canton entre 2026 et 2028, à hauteur de 405 millions de francs. Environ 70% de ces efforts portent sur des économies, et 30% sur des recettes en hausse, notamment fiscales.

Le ministre des finances, Jean-Pierre Siggen, a expliqué lundi en conférence de presse que le Gouvernement a dû choisir ses priorités: freiner les dépenses, augmenter un peu les revenus, sans pour autant augmenter les impôts. 

En 2026, l’État fribourgeois prévoit de toucher environ 1,63 milliard de francs d’impôts, soit 2,9 % de plus qu’en 2025. Cette hausse vient surtout des impôts sur les personnes (revenu et fortune). Les impôts des entreprises progressent aussi, mais moins fortement.

Des postes créés dans l'éducation

Côté dépenses, la croissance est limitée. Les coûts du personnel augmentent légèrement (+0,9 %), surtout à cause de la création de 133 nouveaux postes (équivalents plein temps). Plus de la moitié sont prévus dans le domaine de l’enseignement, notamment 12 EPT à l’Université. Il y a aussi des renforts pour la justice et le service des impôts.

Selon le PAFE, les salaires des employés de l’État ne seront pas indexés à l’inflation, et certaines hausses sont repoussées de 8 mois, entre autres, pour limiter les dépenses.

Les transferts d’argent, c’est-à-dire ce que l’État reverse à d’autres institutions (comme les hôpitaux, les écoles ou les aides sociales), représentent la moitié des dépenses totales, soit 2,17 milliards de francs. Ces coûts continuent d’augmenter, en grande partie à cause de la santé, de l’asile, du social et de l’enseignement.

Des investissements "ambitieux"

Fribourg garde une politique d’investissements élevée, avec 328 millions de francs prévus en 2026. C’est beaucoup plus que les années précédentes. Mais le taux d’autofinancement (ce que le canton peut payer avec ses propres ressources) est assez faible : seulement 40 %, alors que le niveau "sain" est plutôt à 80 %. Cela signifie que le canton devra emprunter pour financer une partie de ces projets.

Risque d'un début d'année sans budget

Le canton de Fribourg pourrait connaître une situation inédite dans son histoire: démarrer l'année 2026 sans budget adopté. Deux scénarios peuvent mener à cette impasse. Premier cas de figure: si le Grand Conseil refuse ou modifie substantiellement le programme d'assainissement des finances la semaine prochaine, le parlement n'aura plus le temps de débattre du budget avant la fin de l'année. Deuxième possibilité: le lancement d'un référendum, qui nécessite 6'000 signatures. Le simple dépôt d'une demande de référendum repousserait automatiquement les débats parlementaires au début 2026. Et si le référendum aboutit, une votation populaire serait organisée, probablement en juin. Dans cette hypothèse, le canton fonctionnerait avec le budget 2025 reconduit, n'autorisant que les dépenses indispensables et les investissements déjà en cours pour 2026.

Un budget qui ne fait pas l’unanimité

A gauche, le Parti socialiste fribourgeois exprime une vive critique du budget cantonal 2026, qu’il perçoit comme la continuité des dérives du PAFE. Il déplore l'incapacité du Canton à financer ses charges par l'impôt, préférant réduire les prestations publiques. Pour les socialistes, le Canton peine à investir dans les défis structurels, comme la formation des jeunes et la prise en charge du vieillissement de la population.

Pour le PLR, l'équilibre du budget 2026 est artificiel et masque une hausse continue des charges: celles de transferts et de personnel. Le parti s’inquiète également du niveau record des investissements bruts (328 millions), financés à seulement 40 % par les ressources propres du canton. Cela implique un endettement de 161 millions qui compromet la stabilité financière future.

Frapp / RadioFr. - Rédaction
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